Parmi les Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense (S.H.D.) et mis en ligne sur le site des Archives de la Vendée, on trouve à la date du 1er août 1793 un Bulletin du Conseil supérieur relatant la situation des Blancs à ce moment critique.
L'en-tête du Bulletin n° 25 du Conseil supérieur (A.D. 85)
Les Bulletins imprimés par le Conseil supérieur de Châtillon-sur-Sèvre (aujourd'hui Mauléon, en Deux-Sèvres), autorité qui administrait les territoires conquis par les Vendéens, sont rares et peu exploités par les historiens. Ils constituent pourtant la principale source écrite royaliste contemporaine des événements.
C’est le 26 mai 1793, au lendemain de la prise de Fontenay-le-Comte, que les chefs vendéens décidèrent de fonder un Conseil supérieur. Ils réquisitionnèrent dans la ville trois imprimeurs et du matériel, afin de créer leur imprimerie essentielle pour asseoir la nouvelle administration du pays qu’ils avaient libéré. Après l’évacuation de Fontenay, le Conseil et son imprimerie furent transférés à Châtillon-sur-Sèvre, au cœur du territoire qu’ils contrôlaient (Alain Gérard, La Vendée 1789-1793, Champ Vallon, 1993, pp. 187 et suiv.).
La victoire de la Roche de Mûrs
C’est là que fut imprimé le Bulletin du 1er août 1793 (n° 25), consultable sur le site des Archives de la Vendée (SHD B 5/6-3). Cela commence par une bonne nouvelle du côté des Ponts-de-Cé, sur les hauteurs de Mûrs-Érigné : « La division aux ordres de M. de Bonchamps (en fait c’est d’Autichamp qui la commande)… attaqua, le 26 (juillet 1793), l’armée républicaine dans ses retranchements. Elle parut faire bonne contenance et résista quelque temps à l’effort de nos troupes, mais enfin l’intrépidité des chefs, le courage des soldats, l’adresse et l’intelligence de nos artilleurs fixèrent la victoire. Le camp fut forcé, les retranchements emportés, les tentes et les bagages tombèrent en notre pouvoir, quatre pièces de canon furent prises, une autre tomba dans la rivière ; 600 patriotes périrent dans le combat, environ trois cents furent faits prisonniers ; un grand nombre précipités dans la Loire ou essayant de passer ce fleuve à la nage, y trouva la mort (les fameux « braves » parisiens qui avaient abusé de l’alcool et s’étaient jetés du haut de la Roche de Mûrs plutôt que de combattre). »
Offensives sur Thouars, mais nouvel échec devant Luçon
Le Bulletin nous renseigne également sur les opérations de d’Elbée, Lescure et La Rochejaquelein sur Thouars, le 22 juillet 1793. Un détachement de cavalerie commandé par Monsieur Henri poussa même jusqu’à Loudun, « entra dans cette ville à trois heures du matin, sans éprouver la moindre résistance ; fit 7 gendarmes prisonniers, enleva la caisse du district, brûla les prétendus décrets contenus dans ses archives et détruisit toutes les marques du républicanisme. »
Les Vendéens essuyèrent toutefois quelques revers à ce tournant de la guerre. Le Bulletin ne les masque pas, comme dans ce long paragraphe qui décrit la deuxième bataille de Luçon (30 juillet 1793), cinq jours après la mort de Sapinaud de La Verrie qui, « tomba entre les mains de l’ennemi, éprouva de sa part les plus cruels traitements, et finit par être mis en pièces ».
La fin du Bulletin se veut plus rassurante quant à la situation sur le front de la Loire et du côté de Thouars, où une troupe républicaine revenue le 29 juillet a été délogée par Laugrenière deux jours après.
Hélas ! les Vendéens allaient apprendre bientôt la nouvelle du décret voté par la Convention nationale, ce même 1er août 1793, premier décret funeste qui ordonnait leur destruction...
Le Bulletin n° 25 du Conseil supérieur peut être consulté en suivant ce lien sur le site des Archives de la Vendée. : Correspondance -> Armées des Côtes de La Rochelle (SHD B 5/4-6) -> 1er août 1793 (SHD B 5/6-3).