L’état civil de Largeasse (Deux-Sèvres), à la charge de l’abbé Vandé jusqu’en décembre 1792, passe aux officiers municipaux en janvier 1793. Mais ceux-ci vont garder une curieuse habitude jusqu’en avril.
« baptême et naissance » sur le registre de « l’an second de la république française »
Le décret du 20 septembre 1792 a laïcisé l’état civil en France en confiant l’enregistrement des naissances, mariages et décès à des officiers publics. Auparavant, c’est au curé qu’il appartenait de noter les baptêmes, mariages et sépultures dans les registres paroissiaux.
Ce décret enjoignait aux municipaux « de se transporter avec le secrétaire-greffier, aux églises paroissiales, presbytères et aux dépôts des registres de tous les cultes » afin de procéder à la clôture des registres en cours, de dresser l’inventaire de tous les registres existants, et de les porter dans la maison commune (titre VI, article 2).
« baptême et naissance »
À Largeasse, le curé Louis Vandé et son vicaire Pierre-Henry Marcollay continuèrent d’enregistrer les actes de baptêmes, mariages et sépultures jusqu’au 29 décembre 1792.
Le registre de 1793 passa ensuite à la municipalité, mais les officiers publics commencèrent d’emblée à enregistrer les premières naissances de l’année en inscrivant en marge « baptême et naissance », ce qui est surprenant pour des actes civils établis en « l’an second de la république française » !
Il n’est évidemment nullement question de baptême, de parrain ou marraine dans le texte. Et pourtant les cinq premières pages du registre répètent « baptême et naissance » pour six petits Largeassiens.
Le doute des officiers publics point à la page suivante, car ils n’écrivent plus que « B. naissance », et ce n’est qu’à partir du 7 mai 1793 que le mot « baptême » a disparu du registre. On imagine mal une municipalité républicaine se référer à la « superstition »– comme les esprits dits éclairés désignaient la religion – à une époque où l’armée catholique et royale menaçait la Gâtine.
Source : Archives des Deux-Sèvres, état civil de Largeasse, 1783-1792 et 1793-An III