Il a fallu attendre 184 ans pour que l’insurrection vendéenne soit évoquée pour la première fois, le 24 janvier 1977, devant un jury universitaire français. Aucune autre période de notre Histoire n’a subi un aussi long interdit chez les chercheurs, jusqu’à ce que Claude Petitfrère brise le tabou.
Claude Petitfrère
Le lundi 24 janvier 1977, Claude Petitfrère devenait en effet le premier historien français à soutenir une thèse de doctorat ès-lettres sur la Guerre de Vendée, intitulée Blancs et Bleus d’Anjou (1789-1793), à l’Université de Toulouse-Le Mirail.
D’autres universitaires avaient abordé le sujet avant lui, comme Paul Bois dans son livre Paysans de l’Ouest, paru en 1960, bien que son l’étude fût circonscrite à la Sarthe ; ou encore Charles Tilly, qui soutint à Harvard une thèse en sociologie limitée au sud du Maine-et-Loire, publiée en 1970 sous le titre La Vendée. Révolution et contre-révolution.
La thèse de Claude Petitfrère connut une première diffusion restreinte en 1979, puis une plus large audience lorsqu’elle fut éditée en deux volumes : Les Vendéens d’Anjou (1793) en 1981, et Les Bleus d’Anjou (1789-1792) en 1985 (1).
Cette année 1985 fut également marquée par deux événements qui firent avancer la connaissance de la Guerre de Vendée au sein de l’Université française : d’une part un colloque international réuni du 17 au 21 septembre, à l’initiative de Roger Dupuy et François Lebrun à l’Université de Rennes II ; d’autre part la soutenance par Reynald Secher, le 21 septembre à Paris IV-Sorbonne, de sa thèse de doctorat qui sera publiée l’année suivante sous le titre : Le génocide franco-français. La Vendée-Vengé.
De ces travaux universitaires, et de ceux qui furent présentés les années suivantes (par Alain Gérard, Louis-Marie Clénet, Louis Delhommeau, Lionel Dumarcet, etc.), « les historiens ont surtout retenu que Vendéens et Chouans ne devaient plus être considérés comme des réactionnaires obtus et qu’il était réducteur d’assimiler les différentes “résistances à la Révolution” à la seule contre-révolution » (2).
Notes :
- Gallica a mis en ligne, mais partiellement, les livres de Claude Petitfrère, Les Vendéens d'Anjou (1793) et Les Bleus d'Anjou (1789-1792)
- Jacques Hussenet, 24 janvier 1977, la Guerre de Vendée entre à l’Université. La nouvelle histoire de la Vendée, Recherches vendéennes n°6, 1999, pp. 525-529.