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Le donjon d’Ardelay bientôt mis en valeur

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La municipalité des Herbiers a dévoilé un projet d’aménagement des abords du donjon d’Ardelay, l’un des fleurons du patrimoine de la commune et le témoin de plus de cinq siècles d’histoire. Mais les Guerres de Vendée y ont-elles laissé leur trace ?

Ardelay vue aerienneVue aérienne du bourg d'Ardelay avec, au centre, le château et l'église Saint-Sauveur. Le projet d'aménagement comprend un jardin (a), la restauration d'une maison (b), le déplacement du parking (c) de l'autre côté de la rue (d), la réfection de la rue du Donjon (e) et de la place Saint-Sauveur (f) (illustration de Julien Gazeau, photographe, avec son aimable autorisation).
  

Menacé de démolition, dans les années 1970, par un promoteur immobilier qui n’y voyait « qu’un amas de ruines sans aucune valeur historique », le château d’Ardelay a été sauvé en 1983 par Anselme Briand, maire des Herbiers, qui décida son achat par la commune (1). L’ensemble de l’édifice – donjon, logis et remparts – fut restauré, mais au-delà des douves, ses abords n’ont jamais fait l’objet d’un aménagement digne de ce monument du XVe siècle.

Il faudra attendre décembre 2017 pour que Véronique Besse, maire des Herbiers, annonce lors d’une réunion de quartier un projet de mise en valeur de ce site, visant avant tout à déplacer de quelques dizaines de mètres ce « parking épouvantable » qui gâche la vue, et redessiner un véritable jardin d’agrément à la place de l’actuel espace vert qui tient « à la fois du terrain vague et de la prairie à vaches ». Les travaux seront étalés en plusieurs phases, la dernière concernant la place de l’église Saint-Sauveur et la rue du Donjon (2).
  

Ardelay ruine du donjonLe délabrement du donjon d'Ardelay au fil du XXe siècle
  

Les Guesdon nés au château d’Ardelay

En parcourant la longue histoire du château d’Ardelay et la généalogie des familles qui l’ont possédé, on est surpris par le silence couvrant la période révolutionnaire. Il semble en effet qu’aucun événement ne s’y soit déroulé, ni combat, ni occupation par une troupe de Blancs ou de Bleus. Étonnant quand on connaît l’abondance de faits historiques et de lieux de mémoire des Guerres de Vendée au pays des Herbiers !

Les seuls personnages qu’on puisse rattacher au lieu sont issus de la famille de Jean Guesdon de La Poupardière, dont La Maraîchine normande a détailléici la liste des membres à cette époque. Plusieurs d’entre eux sont nés dans les murs du château, car leur mère, Rosalie Rondeau était la fille du sénéchal d’Ardelay, et le père lui-même fermier et procureur fiscal de cette paroisse.

À l’instar de nombreuses familles de la région, les Guesdon se déchirèrent entre, d’une part les patriotes résolus, comme Louis-Jean, qui aurait servi de guide aux Colonnes infernales, et Jean-René, qui servit dans les armées républicaines contre les « brigands de la Vendée » ; d’autre part les partisans de l’insurrection, comme Antoine-Charles-Joseph, officier dans l’armée du Centre, ou encore Pierre-Marie, curé insermenté de La Rabatelière, qui participa au synode du Poiré en août 1795, mais qui aurait été exécuté par des hommes de Charette (3).

En 1828, la duchesse de Berry passe au pied du donjon

S’il vit naître la plupart de ces Guesdon, le château d’Ardelay ne reçut la visite d’aucun hôte de marque au temps des Guerres de Vendée. Ou plutôt si, juste un, qui se contenta de passer devant ses remparts en 1828 : Marie-Caroline, duchesse de Berry, qui sera l’égérie de la dernière tentative de soulèvement quatre ans plus tard. La princesse avait entrepris au cours de l’étéun grand périple à travers l’Ouest pour honorer de sa présence les combattants de 1793 et 1815.

Après le château de la Durbelière, la duchesse de Berry visita Saint-Laurent-sur-Sèvre, le lundi 9 juillet 1828, puis se rendit aux Herbiers (4). Là, elle quitta sa voiture pour monter à cheval et poursuivre sa route en passant par Ardelay. Elle s’arrêta plus loin au château du Boistissandeau, traversa Saint-Paul-en-Pareds et fit étape dans la nuit du 9 au 10 au château de la Pélissonnière, au Boupère (5). On se plaît à imaginer que le donjon d’Ardelay devait arborer un drapeau blanc pour saluer cette trop brève visite royale.
  

Marie-Caroline en VendeeMarie-Caroline in Vendée (estampe anglaise, vers 1830)
  


Notes :

  1. Les Herbiers, magazine municipal n°115, septembre 2019, pp. 4-6. Le château a été acquis le 16 avril 1984.
  2. Le début des travaux était prévu pour la fin de l’année 2019, mais un article de Ouest-France du 1er octobre dernier annonçait un retard dûà une opération d’archéologie préventive de l’Inrap.
  3. Sur les circonstances de la mort de ce prêtre, on lira : Charette et l'abbé Guesdon, la vérité sur le drame de La Rabatelière, Revue du Bas-Poitou, 1942, pp. 21-31.
  4. Contrairement à ce que raconte la tradition locale, la duchesse de Berry ne passa pas par le Mont des Alouettes
  5. Vicomte Walsh, Suite aux Lettres vendéennes ou Relation du voyage de S.A.R. Madame, duchesse de Berry…, 1829, pp. 356-358.

 


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