La récente mise en ligne des registres d’écrou par les Archives de la Vendée m’a permis de retrouver un dossier de procédure concernant l’un des enrôleurs de la petite bande de Vendéens qui tint tête à des forces dix fois supérieures au château de la Pénissière, le 6 juin 1832. Les témoignages qu’on y lit nous éclairent sur les difficultés rencontrées par les meneurs pour soulever la population en faveur de la cause légitimiste.
Le porche du château de la Pénissière et ses deux plaques du Souvenir Vendéen
Au cours d’une recherche sur les Chouans d’Ardelay, menée aux Archives de la Vendée le 9 décembre dernier dans la sous-série 3 U 1 (Tribunal de première instance de Montaigu, puis de La Roche-sur-Yon, 1800-1940), mon regard s’était arrêté sur le nom de la Pénissière citéà plusieurs reprises dans un dossier de procédure à l’encontre d’un certain Louis Jamin. J’avais photographié les pièces, au cas où…, sans y prêter plus d’attention.
Or ce nom de Louis Jamin m’est revenu en feuilletant les registres d’écrou que les mêmes Archives de la Vendée ont eu la bonne idée de mettre en ligne sur leur site. J’ai donc ressorti mes photos afin de savoir ce qui avait motivé l’incarcération de cet individu, le 24 avril 1833, dans la maison d’arrêt de Bourbon-Vendée.
L’affaire de la Pénissière
Le soulèvement que la duchesse de Berry espérait provoquer en Vendée en faveur de son fils Henri, l’héritier de la branche aînée des Bourbons, contre le régime de Louis-Philippe, ne donna lieu qu’à des combats sporadiques. Le plus retentissant se déroula au château de la Pénissière, sur la commune de La Bernardière. Une bande armée commandée par Eugène de Girardin y avait pris position dans les premiers jours de juin 1832, après avoir tenté de mobiliser le plus de monde possible pour les y rejoindre. Elle ne put toutefois réunir que 45 hommes.
Cette agitation ne passa pas inaperçue. Pour la réprimer, la garde nationale de Clisson, grossie d’un détachement du 29e régiment de ligne et de gendarmes, fit route au matin du mercredi 6 juin vers la Pénissière. Leur nombre s’élevait entre 500 à 600 (selon un garde national) et 800 à 900 (selon Girardin).
Malgré ce rapport de force très inégal, les assiégés résistèrent toute la journée aux attaques et à l’incendie du château allumé par les philippistes. On lira ici le récit épique qu’en fit Girardin. Le bilan humain fut limité (5 morts et 10 blessés du côté légitimiste, 5 morts et 10 blessés chez les assiégeants), mais ce siège resta dans les mémoires comme la dernière bataille de la dernière guerre de Vendée. C’est du reste en ce même endroit que le Souvenir Vendéen releva le flambeau un siècle plus tard (illustration ci-dessous).
La première plaque du Souvenir Vendéen posée en 1932 à la Pénissière
On a vu à travers cet épisode de 1832 que les meneurs eurent bien de la peine à entraîner à leur suite les gens du pays. L’interrogatoire de Louis Jamin, l’un des enrôleurs de la bande de Girardin, nous met au plus près de la situation pour en revivre les circonstances.
Louis Jamin interrogé le 24 avril 1833
Cet interrogatoire date du même jour que le mandat de dépôt de Louis Jamin. Voici sa transcription (en rouge, pour distinguer le texte original de mes assertions ; le nom de la Pénissière y est noté : Pénicière) :
– Quels sont vos nom, prénom, âge, profession, lieu de naissance et de domicile ?
– Je m’appelle Louis Jamin, âge de 43 ans, métayer demeurant à la Cailletière, commune de La Bruffière, néà Torfou.
– Etes-vous marié, veuf ou célibataire ?
– Je suis marié et j’ai quatre enfants.
Petit point généalogique : Louis Jamin est né le 20 mars 1792 à Torfou (Maine-et-Loire). Il était le fils de Mathurin Jamin et Jeanne Brochoire (parfois noté : Brochard). Il s’est marié quatre fois :
- Le 29 mai 1812 à Roussay (49) avec Marie Musset (décédée en 1829), dont il eut six enfants ; quatre sont encore vivants en 1833 ;
- le 8 février 1831 à Tiffauges (85) avec Jeanne Sionneau (décédée en 1847) ;
- le 9 mai 1848 à La Bruffière (85) avec Louise Chatelet (décédée en 1860) ;
- et le 3 septembre 1861 à La Bruffière (85) avec Louise Duret.
Dans plusieurs des actes de mariage, il est écrit que Mathurin Jamin, le père de Louis, est décédé pendant les Guerres de Vendée, ce qui a dû motiver le ressentissement du fils à l’égard des Bleus (ou des « culottes rouges » de Louis-Philippe) : « l’année mil sept cent quatre vingt quatorze par suitte de la guerre de la Vendée » (mariage de 1812) ; «le dix-neuf septembre mil sept cent quatre vingt treize dans ladite commune de Torfou pendant la guerre civile de la Vendée », c’est-à-dire le jour même de la grande bataille de Torfou (mariage de 1831) ; « décédé par les événements de la guerre de mil sept cent quatre vingt treize » (mariage de 1848).
Les premières lignes de l'interrogatoire de Louis Jamin (A.D. 85, 3 U 1)
Suite de l’interrogatoire de Louis Jamin :
– N’avez-vous pas, dans les premiers mois de juin, parcouru plusieurs communes du canton de Montaigu, entr’autres celle de La Bruffière, à l’effet de contraindre par promesse ou par menace les habitants à se soulever et aller grossier les bandes de rebelles ?
– Le mardi cinq juin dernier, en revenant de Treize-Septiers, où j’avais été acheter un veau, je rencontrai une troupe de Chouans, tous armés, au nombre de quarante au moins, qui m’entourèrent et me dirent qu’il fallait que j’allasse à La Bruffière pour sonner le tocsin. Je leur dis que je n’en ferai rien ; alors ils me dirent qu’il fallait que je m’arme d’un fusil qu’ils me remirent entre les mains, et que je fusse dans les villages engager les habitants à se joindre à eux, sinon que je serai fusillé. Craignant qu’ils ne me fassent un mauvais parti si je ne faisais pas ce qu’ils m’avaient prescrit, je dis à deux de mes voisins, aux nommés Menand et Richard, de venir avec moi à la Pénicière. Ils vinrent me trouver peu de temps après et nous partîmes après que j’eus fait la collation pour la Pénicière, sans savoir ce que nous y allions faire. Le lendemain, peu de temps après que nous y fûmes arrivés, je demandai à aller panser mes bestiaux et je m’en retournai chez moi, laissant les armes.
Qui sont ces deux voisins ? Jean Menand et René Richard sont tous les deux interrogés le 10 mai 1833 :
Jean Menand, 23 ans (il y a bien un Jean Menand néà La Bruffière le 2 mai 1809), métayer à la Cailletière, commune de La Bruffière, déclare :
« La veille de l’affaire de la Pénicière qui était dans les premiers jours de juin, je me rendais chez moi sur les deux ou trois heures après midi pour faire la collation je crois. En sortant de mon jardin que je venais de bécher, je rencontrai Jamin inculpé qui me dit : il faut venir à la Bernardière avec moi, on s’y attroupe ; si tu n’y viens point, tu périras ; ces b(ougres) de bleus mettent tout à feu et à sang(souligné dans le texte). Craignant que cet individu me fît arriver quelque mal, et pour l’éviter, je souscrivis à ce qu’il me demandait et partis avec lui. Arrivéà la Pénicière, qui est sur le chemin de la Bernardière, un individu que je ne connaissais point me remit un fusil à la main sans me dire sur quel motif. Cependant, comme je vis qu’il ne s’agissait de rien de bon, je résolus de m’en aller dès que je le pourrai. Le lendemain au matin, je demandai aux chefs la permission d’aller soigner mes bestiaux, ce qu’ils m’accordèrent. Je m’en retournai chez moi et ne revins plus à la Pénicière. Jamin, en m’engageant à aller avec lui à la Bernardière (…) me dit seulement que si je ne faisais point ce qu’il me demandait, je périrai, mais j’ignore s’il voulait dire que ce serait lui qui me ferait périr ou les bleus. »
Menand fut rappelé une 2e fois pour dire si Jamin était avec lui à la Pénicière. Il répondit que non.
René Richard, 49 ans (il est né le 21 mai 1786 au lieu-dit Chez Bonin), cultivateur demeurant au village de Chez Bonin, commune de La Bruffière, déclare quant à lui :
« La veille de l’affaire de la Pénicière, sur les quatre heures après midi, Jamin, que je rencontrai dans la lande des Ayes, une cocarde blanche à son chapeau, une espingole à la main ou sur l’épaule, me dit : il faut laisser vos landes et votre charrette et venir avec nous à la Pénicière. Je lui dis que je n’avais point d’arme. Il me répondit à cela qu’il fallait emmancher une faulx à l’envers(souligné dans le texte). Je lui dis alors qu’il était un sot, qu’il ferait beaucoup mieux de se rendre chez lui, pour gagner la vie à ses enfants. Il me quitta aussitôt. Le lendemain, quand j’appris l’affaire de la Pénicière, j’eus le plus grand regret de lui avoir dit qu’il était un sot, parce que je craignais qu’il ne passât chez moi avec sa bande pour me faire quelques misères. »
On fit venir l’inculpé pour lui demander s’il était vrai, ainsi qu’il l’avait dit dans son interrogatoire, que Richard était avec lui à la Pénicière. Il répondit qu’il n’avait pas dit cela (alors que cette affirmation figure bien dans son interrogatoire du 24 avril), que ceux qui l’avaient suivi en ce lieu étaient les nommés Menand et Poiron.
Qui était ce Poiron ? MathurinPoiron, 22 ans, était domestique à la Cailletière, chez Pellerin :
« La veille de l’affaire de la Pénicière qui était dans les premiers jours de juin dernier, j’étais à labourer dans un champ voisin de notre village. Jamin, qui suivait un chemin qui se trouvait à la limite de ce champ, me dit de dételer mes bœufs et de me rendre au plus vite. Je fis ce qu’il me présentait sans trop savoir pourquoi, lorsque une fois arrivé dans notre demeure, je l’y trouvais et il me dit qu’il fallait aller avec lui à la Bernardière, que tout le monde s’y rendait en masse. Je l’y suivis et quand nous fûmes au château de la Pénicière, dans la cour duquel il faut passer pour aller à la Bernardière, un individu que je ne connais point me donna un fusil et j’y restai avec les Chouans, qui étaient au nombre de quarante ou cinquante, jusqu’au lendemain après le combat qui dura jusqu’à quatre ou cinq heures du soir, et auquel je ne pris aucune part. J’y attendis même quelque temps après qu’il fut terminé avant de me retirer pour laisser partir tous les soldats pendant qu’on se battait. J’étais dans une petite chambre où je m’étais caché. Lorsqu’on me remit le fusil dont on m’arma à mon arrivée, on ne me dit point l’usage qu’il fallait en faire. Jamin ne m’avait point dit non plus dans quel motif il m’emmenait à la Bernardière. Il s’était bornéà me dire que tout le monde s’y rendait en masse et que les bleus mettaient tout à feu et à sang. »
Suite de l’interrogatoire de Louis Jamin :
– N’avez-vous pas aussi engagéà aller à la Pénicière les nommés Gaschet, Blain et Poiron ?
– Non.
– N’avez-vous pas parléà leurs femmes à cet effet ?
– Je ne vous dirai pas si j’ai parléà celles-ci, mais j’ai bien dit à quelques-unes de dire à leurs maris qu’il fallait qu’ils se rendissent à la Pénicière.
Qui étaient ces femmes ?
La femme Blain, de la Cailletière, était atteinte d’une fièvre intermittente, d’après la note d’un officier de santé datée du 9 mai 1833, et se trouva ainsi dans l’impossibilité de répondre à l’assignation du procureur du roi.
En revanche, MarieBerthin, femme de François Gaschet, 52 ans, demeurant à la Libaudière, commune de La Bruffière, comparut et déclara le 10 mai 1833 :
« Jamin, armé d’une espingole (…) vint me trouver à un ruisseau qui passe dans notre village et me demande oùétait mon mari. Je lui dis qu’il était à son travail. Il m’engagea à aller lui dire qu’il fallait qu’il se rendît à la Bernardière, qu’il y avait deux autres communes que les soldats avaient abîmées, qu’il fallait aller leur porter secours. Je lui dis que je ne pouvais pas laisser mon linge à l’abandon (…) Il me pressa tellement que je fis néanmoins part de ce qu’il m’avait dit à mon mari, qui partit aussitôt pour aller à la Bernardière, mais il ne fut que jusqu’à la Pénicière qui est sur la route, où on lui donna des armes et où il passa la nuit, mais d’où il partit le lendemain de son arrivée, au matin, sous prétexte de se rendre soigner les bestiaux.
Suite de l’interrogatoire de Louis Jamin :
– Ne dites-vous pas, soit aux deux individus qui vous suivirent à la Pénicière, soit aux femmes à qui vous parlâtes, que ceux qui y iraient dans ce château seraient récompensés et qu’il arriverait quelque chose à ceux qui n’iraient pas ?
– Non.
– Quelles sont les promesses et les menaces que vous fîtes pour déterminer les individus de votre voisinage ou des environs à aller à la Pénicière ?
– Je n’ai fait ni promesses, ni menaces.
– N’avez-vous pas à peu près à la même époque engagéPapinà aller à la Pénicière en lui faisant espérer une récompense ?
– Non.
Qui était ce Papin ? PierrePapin, 37 ans (il est né le 7 mai 1795 à Torfou), charron à la Thibaudière, commune de Torfou, déclara le 14 mai 1833 :
« Dans les premiers jours de juin dernier, l’avant veille de l’affaire de la Pénicière, je rencontrai, vers le soleil couchant, à Roussay, en allant chercher du pain pour mes enfants, un nommé Gazeau qui me dit de ne pas manquer de lui parler en repassant. À mon retour, je le rencontrai dans le même endroit, c’est-à-dire dans la rue, et il me fit entrer dans un cabaret où il fit venir du vin. Jamin vint nous y joindre et tous les deux m’encouragèrent (?) à aller avec eux (…), que je pouvais les suivre sans crainte, que je serais récompensé et qu’on aurait soin de ma famille. Je leur dis que je voulais en parler à ma femme, à qui je me rendis en faire part, et qui me détourna du projet que j’aurai pu avoir d’aller avec eux. Je fus leur communiquer ce que m’avait dit mon épouse et la détermination qu’elle m’avait fait prendre. Ils me dirent alors qu’ils pousseraient chez moi et, la nuit qui suivit, ils vinrent me trouver sur les onze heures avec un dénommé Berbion qui, ainsi que Gazeau, est mort à la Pénicière, et me décidèrent à les accompagner. Avant notre départ, ils me dirent, sur mes demandes réitérées, que nous allions joindre les chefs de ces troupes dont j’allais faire partie(souligné dans le texte) dans les métairies, dont je ne me rappelle pas les noms, mais ils ne me disaient point qui ils m’emmenaient. Tout ce qu’ils me disaient c’est que je n’aurais point la peur de me battre, et si le gouvernement venait à changer, je serai récompensé de mes peines. Jamin me disait cela comme les autres. Quand nous eûmes rejoint les chefs, ils me donnèrent un fusil, et le même jour que je les joignis, ils m’emmenèrent à la Pénicière. Je ne me rappelle point su je vis Jamin le lendemain. »
Suite de l’interrogatoire de Louis Jamin :
– Cependant, Papin a dit dans l’instruction qui a été faite contre lui, que ce sont vos promesses et vos conseils qui l’ont entraînéà la Pénicière.
– C’est faux. En revenant de voir ma sœur le lundi avant l’affaire de la Pénicière, je vis Papin chez un nommé Mesrand, cabaretier à Roussay, mais je ne lui parlai de rien car j’étais alors dans l’ignorance de ce qui se passait.
– Vous persistez donc à soutenir que vous n’avez engagé personne en menaçant et faisant des promesses à aller à l’affaire de la Pénicière ?
– Oui. Je dis seulement à celles à qui j’en parlai : venez donc avec moi à la Pénicière, je ne sais pas ce qu’il y a et pourquoi on veut vous y faire aller…
(les trois dernières lignes illisibles en petits caractères serrés dans le bas de la page reprennent la menace des Chouans de fusiller ceux qui refuseraient).
Un autre témoin, Mathurin Merland, âge de 42 ans, cultivateur demeurant au bourg de La Bruffière, fut également interrogé sur les agissements de Louis Jamin, auxquels il résista :
« La veille de l’affaire de la Pénicière (…), Jamin, armé d’un fusil, vint me trouver dans les landes des Ayes où j’étais à travailler, et me dit qu’il fallait aller avec lui la Bernardière. Je lui demandai par quel motif il voulait que j’y allasse. Il me répondit que quand j’y serais on me le ferait connaître, et insista pour que je l’y suivisse. Fatigué de ses instances et afin de m’en débarrasser, je lui dis que j’allais emmener ma charretée de landes et que j’irais ensuite peut-être le joindre. Il partit alors en me disant de ne pas y manquer et d’emmener avec moi le plus de personnes que je pourrai. Je me donnai cependant bien garde d’aller le trouver. »
La Pénissière, eau-forte d'Octave de Rochebrune, 1874
Le dossier de Louis Jamin va jusqu’à la Cour de cassation
À la suite cet interrogatoire de Louis Jamin, le procureur du roi requit qu’il y avait lieu de prévenir contre le nommé Louis Jamin, et qu’ordonnance de prise de corps soit décernée contre lui (elle le sera le lendemain, 10 juin 1833) :
« Attendu que la veille de l’affaire de la Pénicière (5 juin 1832), l’inculpé a parcouru la commune de La Bruffière, la cocarde blanche au chapeau et l’espingole au poing, ordonnant aux habitants d’abandonner leurs travaux et leur enjoignant de se rendre à la Bernadière, où tout le monde, selon lui, se portait en masse.
« Attendu que pour disposer les paysans à sa révolte, il répandait partout que les bleus avaient mis plusieurs communes à feu et à sang et qu’il fallait que tout le monde prît les armes pour les venger ou leur porter secours.
« Que si les manœuvres criminelles de Jamin n’ont pas eu tout le succès qu’il en espérait, il n’en est pas moins vrai qu’il a fait tous les efforts pour grossir les bandes de rebelles et qu’il est établi au procès que plusieurs individus, cédant à ses perfides suggestions, se sont rendus à la Pénicière où ils ont reçu des armes de la part des chefs de l’insurrection, etc. »
Extrait du mandat de dépôt contre Louis Jamin (A.D. 85, 3 U 1)
La suite de l’affaire, notamment les pièces du procès, manque au dossier, probablement parce que celui-ci quitta la juridiction de Bourbon-Vendée pour Poitiers, et même Paris, comme le montrent deux documents :
Le premier est un réquisitoire émanant du procureur du roi à la Cour de Poitiers, en date du 20 juin 1833, selon lequel il y avait lieu d’accuser ledit Louis Jamin d’avoir « levé ou fait lever, et conduit avec lui en bande armée, au château de la Pénicière, plusieurs habitants de sa commune, dans le but d’y faire attaque ou résistance envers la force publique agissant contre les rebelles à l’autorité royale, qui s’étaient réunis en armes sur ce point… » Le procureur conclut en demandant le renvoi de l’accusé devant la Cour d’assises de la Vendée, séante à Bourbon.
Le second document est un extrait des minutes de la Cour de cassation, en date du 23 août 1833, « sur le pourvoi du procureur général, près la Cour royale de Poitiers ». Faute de disposer de toutes les pièces, il n’est pas aisé de s’y retrouver dans les attendus. Toujours est-il que la Cour rejeta ce pourvoi.
On ignore donc, à la lecture de ce dossier de procédure, combien de temps Louis Jamin passa derrière les barreaux. Il reprit le cours de sa vie au lendemain de cette affaire, se maria encore deux fois, comme on l’a vu plus haut, et mourut à La Bruffière le 6 octobre 1871.