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Sur les traces des Guerres de Vendée aux Herbiers

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Les Amis du Pont-Paillat se sont autorisé une sortie aux Herbiers, jeudi dernier, pour découvrir dans cette commune quelques-uns des nombreux sites liés à l’histoire des Guerres de Vendée de 1793 à 1815.

Le Landreau 1Sur la gauche, le château du Landreau reconstruit après l'incendie de 1794. La tour ronde, autre vestige, fut transformée au XIXe siècle.
  

Le château du Landreau a constitué l’étape de la matinée. C’est même lui qui est à l’origine de cette excursion. L’endroit n’est pas ouvert au public (1), mais le souvenir du célèbre « Chevalier du Landreau » justifiait les démarches pour en obtenir l’accès. Nous avons en outre été reçus par M. Jean Vincent, historien des Herbiers et résident du lieu, qui nous a menés du château à la chapelle, puis à travers les allées du parc et du potager, au fil d’une longue histoire qu’il nous a contée.
  

Le Landreau 6Près de la chapelle, une des tours de l'ancien château
  

Le Chevalier du Landreau

À la veille de la Révolution, le château appartenait à René-Louis-Marie Jousbert, baron du Landreau, qui avait épousé en 1785 Armande d’Escoubleau du Sourdis. Leur 3e fils, Marie-Eugène, né en 1787, n’est autre que celui qu’on appellera le « Chevalier du Landreau ». La famille connut tous les tourments de la Révolution. Son château aussi : confisqué car considéré comme un bien d’émigré, alors que seul le père avait quitté la France, il fut vendu à un certain Ageron, bien connu localement pour avoir acquis de la même manière des biens du clergé ou appartenant à des personnes fauchées par la Terreur, comme la Martinière dont il ira jusqu’à s’approprier le nom.

Le petit Eugène fut marqué par ces sombres années : il perdit son père en 1796 (2) et sa mère en 1801. Après la guerre, il passa sa jeunesse au manoir des Noyers, un domaine hérité de sa mère à Saint-Paul-en-Pareds, parmi les chevaux qui feront de lui un cavalier émérite. Nommé maire de cette commune en 1812, il aurait, dit-on, prit part à la campagne de Russie, ce que sa signature sur les actes d’état civil couvrant cette période dément formellement. En revanche il s’enrôla l’année suivante dans la garde d’honneur de Napoléon, fit la campagne d’Allemagne et bientôt celle de France, puis rentra au pays avant les dernières défaites impériales de 1814.
  

Le Landreau 7Le mur d'enceinte et le potager
  

La Terreur des Bleus

Favorable au retour du roi, il tissa des liens avec d’anciens combattants vendéens et des réfractaires, rassemblant une petite bande armée qui projeta un coup de force sur La Châtaigneraie avec le renfort d’une autre troupe constituée autour de Pouzauges. La chute de l’Empire coupa court au projet. Toutefois celui-ci revint à l’ordre du jour un an après. Eugène était prêt pour la guerre en 1815. Nommé chef de la 2e division de l’armée commandée par Auguste de La Rochejaquelein, le frère d’Henri et de Louis, il opéra surtout dans l’ouest de la Vendée, là où se jouaient les combats et les débarquements d’armes. Les défaites répétées d’Aizenay à Rocheservière poussèrent les chefs royalistes à signer la paix à La Tessoualle, le 24 juin, ce que le belliqueux Eugène ne pouvait accepter. Là encore le retour du roi le ramena à son foyer.

Le souvenir du « Chevalier du Landreau » est longtemps resté attachéà un petit corps de 20 à 30 cavaliers qu’il avait entièrement équipés et armés à ses frais à cette époque. Il les avait revêtus de vestes en peaux de biques et de longs bonnets à poils, ce qui valut à ce terrifiant escadron le surnom de « Cosaques vendéens » et à Eugène celui de « Terreur des Bleus ».

Sa réputation de bagarreur et de rebelle aux autorités ne se justifia pas moins les années suivantes. Après un nouvel engagement dans l’armée, qui le mènera dans l’expédition d’Espagne en 1823, Eugène revint aux Noyers, acquit des terres et des fermes dans des conditions assez cocasses, en particulier le domaine du Landreau, mis en vente après la mort du fils d’Ageron en 1842. La crainte qu’il inspirait à tous dans le pays lui permit de raffler la mise à un moindre prix, qu’il viendra régler en petites pièces chargées dans une charrette enrubannée, acheminée aux Herbiers avec beaucoup d’éclats de voix.

À sa mort en 1863, Eugène Jousbert du Landreau fut inhumé dans la crypte de la chapelle qu’il avait entrepris de construire à cette fin au milieu des quelques vestiges de l’ancien château. Elle sera achevée deux ans après.
  

Le Landreau 2La chapelle funéraire de la famille Jousbert du Landreau

Le Landreau 3Les blasons de la famille Jousbert du Landreau (d'azur, à trois molettes d'éperon d'or posées deux et un) et de la famille de Romans (d'azur, au chef d'argent chargé de trois croix pattées de gueules) sont ceux des parents de la comtesse de Bermond d'Auriac, dernière héritière du Landreau.

Le Landreau 4Les membres de la famille Jousbert du Landreau inhumés dans la chapelle

Le Landreau 5L'intérieur de la chapelle du Landreau

Le Landreau 8Vue sur la chapelle depuis le potager
    

Autour du Mont des Alouettes

Au terme de la visite menée par M. Jean Vincent à travers une partie du parc arboré et du « carré en îles » du potager (3), nous avons quitté le Landreau, non sans avoir évoqué la mémoire de Joseph-Amand Vasselot, autre chef vendéen attachéà l’endroit, puisque les archives ont révélé qu’il y fut exécuté et inhumé le 10 mai 1796 (4).

La suite du parcours nous a conduits au Mont des Alouettes pour un agréable pique-nique sous les arbres, derrière le moulin de Jean Yole. Une promenade digestive, quelque peu sportive pour certains participants, nous a entraînés vers une partie méconnue de ces collines, du côté de la Méancière, où l’abbé Marion, curé insermenté de Saint-Jacques de Montaigu, disait des messes clandestines sous la Terreur, et de la Peur-au-Blé, un chemin creux très isolé sur la crête qui fut un refuge pour les habitants des fermes en contrebas au temps des Colonnes infernales.

De retour aux Alouettes, nous avons formé un cortège de voitures pour nous rendre à la croix située près de la Jaudronnière, afin de relater les incendies et les massacres perpétrés dans les fermes voisines (la Touche, Chevrion, etc.) par les soldats du général Amey dans les premiers jours de février 1794. Plus avant, nous avons emprunté le chemin caillouteux de l’étang de la Malonne, où plane l’ombre d’un cavalier républicain tué ici à la serpe par un paysan vers la fin de la guerre.

De l’Étenduère à la Roche du Petit-Bourg

En repartant vers la ville, nous avons d’abord fait étape au château de l’Étenduère, une autre victime des destructions de 1794. Il fut sorti d’un long sommeil qui l’avait enseveli peu à peu sous une épaisse végétation, grâce au travail des bénévoles de l’association Passion Patrimoine. Clément, qui a participéà ce défrichement, nous en a fait la présentation devant la seule façade encore préservée.

Nous avons ensuite poursuivi notre chemin vers la Roche du Petit-Bourg pour raconter, grâce à plusieurs témoignages, le passage de la colonne infernale du général Grignon, qui commit dans ce village et au logis voisin de la Pépinière, l’un des pires massacres de sa marche, le 31 janvier 1794. Notre parcours s’est achevé plus loin, aux abords de l’église Notre-Dame, par une dernière balade à pied jusqu’au château Bousseau. On raconte que c’est là que Charette aurait été désigné comme général en chef, au grand dam de Joly, le 9 décembre 1793.

Il y aurait encore bien d’autres lieux de mémoire à découvrir aux Herbiers, mais ce sera sûrement pour une prochaine sortie des Amis du Pont-Paillat


Notes :

  1. C’est une maison de retraite destinée principalement aux prêtres, depuis que la comtesse de Bermond d’Auriac (petite-nièce d’Eugène Jousbert du Landreau) a légué au diocèse de Luçon le domaine du Landreau, mais aussi celui de l’Étenduère et la chapelle du Mont des Alouettes, à sa mort en 1945.
  2. Deux documents se contredisent quant à la date de sa mort : en 1796 en Allemagne pour l’un ; en octobre 1793 pour le second, qui aurait eu pour but de prouver que le baron du Landreau n’avait pas émigré, et ainsi permettre à la famille de récupérer ses biens (Revue du Souvenir Vendéen n°286, pp. 75-76).
  3. Potager dont le mur d’enceinte et les deux tours rondes ont fait l’objet d’une restauration soutenue par la Fondation du Patrimoine.
  4. Et non au château de Mesnard, comme cela est communément écrit. Lire à ce sujet : Après Charette, Vasselot lutte encore… et périt à son tour (note 4).
      

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