La vie aventureuse de l’abbé Matthieu de Gruchy a laissé quelques souvenirs matériels en Vendée, principalement des vitraux commémoratifs. Mais son nom se rencontre aussi sur des plaques de rues, comme à Venansault, paroisse qu’il desservit de 1795 à 1797.
La plaque de rue de l'abbé Matthieu de Gruchy à Venansault
On ne compte plus les publications qui ont raconté l’incroyable parcours de Matthieu de Gruchy. Néà Jersey en 1761 de parents protestants, le jeune garçon refusa la formation de pasteur qu'on lui destinait et quitta son île dès l'âge de quinze ans pour devenir marin. Après moult péripéties, il fut capturé en 1778 au cours de la guerre entre l’Angleterre et la France. On l’emprisonna en Bretagne, puis en Anjou, où il se convertit au catholicisme.
Au retour de la paix, il entra en apprentissage chez un menuisier de Trémentines, près de Cholet, qui le fit travailler pour une commande reçue de la paroisse de Saint-Mars-la-Réorthe. On peut voir encore de nos jours, dans cette église, la chaire qu’il réalisa. C’est au cours de son séjour à Saint-Mars que Matthieu de Gruchy commença sa formation religieuse au contact de l’abbé Morennes, curé de la paroisse. Il la poursuivit à Soullans en 1786, et l’acheva au grand séminaire de Luçon. Ordonné prêtre deux ans après, il fut nommé vicaire successivement à Soullans, à Bois-de-Céné et à Beauvoir-sur-Mer.
Curé de Venansault de 1795 à 1797
C’est là qu’il refusa de prêter le serment constitutionnel en 1791, préférant entrer dans la clandestinité en reprenant son habit et ses outils de menuisier. Il s’exila un temps en Angleterre et à Jersey, mais il profita des opérations de débarquement à Quiberon pour revenir en Vendée, dans cette région maraîchine qu’il connaissait bien, au cours de la nuit du 10 au 11 juillet 1795. De là, il se rendit auprès de Charette en compagnie d’une poignée de compagnons d’aventure, dont l’abbé Brumauld de Beauregard, le vicaire général du diocèse de Luçon. Celui-ci se chargea de réorganiser le clergé dans la zone contrôlée par le chef vendéen, et confia à Matthieu de Gruchy (présent au synode du Poiré-sur-Vie) la cure de Venansault, un gros bourg situéà l’ouest de La Roche-sur-Yon. Très bien accueilli par ses habitants, il assura son ministère avec l’aide du sacristain, M. Loué.
« Sa sagesse, sa prudence et ses autres qualités lui donnaient un tel ascendant que les hommes des environs de Venansault qu’avaient séduits les idées révolutionnaires, et qui ne croyaient plus à rien, pas même à la vertu, ne purent tenir devant la sienne » (1). Les revers subis par Charette et la reprise en main de la Vendée par les républicains en 1796 firent cependant planer de nouvelles menaces qui poussèrent le curé de Venansault à quitter sa paroisse pour ne pas compromettre ses ouailles. Le coup d’État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), qui relança les persécutions anticatholiques, précipita sa fin.
Pourchassé, l’abbé de Gruchy finit par être arrêtéà Nantes, incarcéré dans la prison du Bouffay, jugé sommairement par une commission militaire qui le condamna à mort. Il fut conduit au supplice le lendemain, mardi 28 novembre 1797, sur la place des Agriculteurs, l’actuelle place Viarme où Charette avait été fusillé l’année précédente.
Outre les vitraux vendéens le représentant dans la chapelle du Boistissandeauà Ardelay, et dans les églises de Beauvoir-sur-Mer (avec une plaque du Souvenir Vendéen) et Saint-Mars-la-Réorthe, on trouve son nom sur deux plaques de rues : la première à Saint-Mars-la-Réorthe, en souvenir de son séjour dans les années 1780 ; la seconde à Venansault, avec l’indication « Vicaire de 1795 à 1797 ».
Ces plaques sont ajoutées à l'Album photos des rues vendéennes.
La plaque de l'abbé de Gruchy sur le muret bordant l'église de Venansault