Peu encouragé par la météo maussade de ce dimanche, j’avais envisagé une petite balade autour de Chambretaud. Mais un pas en entraînant un autre... je me suis finalement retrouvé au Puy du Fou, face au chevalier de Charette.
La statue de Charette au Puy du Fou
Comme de coutume, voici l'itinéraire de ma promenade (les numéros renvoient au texte et aux photos) :
La lettre D indique le point de départà l'église de Chambretaud
(en jaune, les chemins de terre ; en orange, la route goudronnée)
Longueur : 13 km – Durée : 2h30
La première partie de ma promenade dominicale a suivi la route du Petit-Bourg des Herbiers. À la sortie de Chambretaud, au bout de la rue du Calvaire, s’élève un vieil arceau dédiéàNotre-Dame de Bon Secours (n°1), l’un des plus anciens de la commune. Il fut érigé en 1767 à l’initiative du curé René Loyseau et de son vicaire Pierre Chevalier. On distingue avec peine leurs initiales R.L.P.C. sous la croix. Les inscriptions gravées de part et d’autre de la niche forment en revanche un quatrain plus lisible : « Si l’amour de Marie / En ton cœur est gravé / En passant ne t’oublie / De lui dire un Ave. » René Loyseau mourut en 1780 et fut remplacé par Pierre Jean Gabard, curé de Chambretaud sous la Révolution. Son vicaire François Nicolas, successeur de Pierre Chevalier, fut martyrisé par les Bleus à Mortagne-sur-Sèvre à la fin de l’année 1793.
L'arceau de Notre-Dame de Bon-Secours (n°1), dessin extrait de la plaquette
publiée par l'association Culture et Traditions de Chambretaud
Ma route se poursuit à travers la campagne, passe devant la Gastière dont le château a disparu, puis devant la croix de la Barre (n°2) reconnaissable à son Sacré-Cœur enflammé gravé dans le granit.
Un Saint Hubert en carreaux de faïence
sur une maison à l'entrée du chemin de la Gastière
Au-delà, entre Villeneuve et la Fontaine-Vive, elle enjambe un petit ruisseau à peine visible (n°3). C’est là que s’est cachél’abbé Gabard, tandis que les Bleus le pourchassaient. Cet épisode eut lieu au temps où les Colonnes infernales dévastaient le pays. Des cris et des coups de fusils annoncèrent l’arrivée des Bleus à Chambretaud. Le curé eut le temps de s’enfuir de son presbytère en empruntant le chemin que je viens de suivre. Arrivé au bord du ruisseau, il se jeta dans l’eau glacée et se cacha sous le pont que la route moderne a masqué. Les soldats lancés sur ses traces rentrèrent bredouilles en blasphémant contre le fugitif. L’abbé Gabard survécut aux persécutions et assura son ministère jusqu’à sa mort à Chambretaud en 1812.
La cache de l'abbé Gabard près de la Fontaine-Vive (n°3)
Mon itinéraire rejoint plus loin, à l’Ormeau, le GR de Pays Sèvre et Maine que je commence à bien connaître. Je regrette toutefois de ne pas avoir coupéà travers champs en passant par le logis de Concise dont j’ai évoquéici le triste sort. Je retrouve enfin un de ces chemins de terre que j’apprécie tant (n°4). Large et bien entretenu, il manque pourtant d'un peu de relief à mon goût… si ce n’est le profond sillon que la voie ferrée a ouvert dans la colline (n°5).
Sur le chemin du Puy du Fou (n°4)
À l'approche de la voie ferrée (n°5)
Ces rails ne sont plus empruntés que par le train touristique du Puy du Fou
Le pont de chemin de fer (n°5)
Plus que quelques mètres avant les parkings du Puy du Fou… (n°6)
Encore quelques pas guidés par la musique du Puy du Fou, et me voici au bout du chemin, marchant à contresens des visiteurs du Grand Parc emmitouflés dans leurs vêtements d’hiver. Qu’ils me suivent, ils auront moins froid ! Passant devant le Manoir de Charette (n°7), j’en profite pour faire quelques photos de la statue du « Roi de la Vendée » trônant au centre de la cour d’honneur. Dommage qu’aucun souffle d’air ne déploie son drapeau fleurdelysé hissé derrière lui !
Le Manoir de Charette héberge les services administratifs du Puy du Fou (n°7)
La statue de Charette dans la cour d'honneur
Le retour suit l’ancienne route du Puy du Fou à Chambretaud, jusqu’au passage à niveau. Je tourne alors à droite, vers la ferme de la Barboire, sur un chemin de terre assez pittoresque (n°8). C’est l’ancienne voie qui menait naguère de La Verrie à la gare de Chambretaud.
Le chemin près de la ferme de la Barboire (n°8)
De belles Nantaises à Chambretaud
(celle de droite était trop dissipée pour rester en place devant l'objectif)
Àla Logette (n°9), un arrêt s’impose devant l’arceau. On peut y lire plusieurs inscriptions : « La Sainte Famille » au-dessus de la niche, et « Vous qui passez, n’oubliez pas de lui dire un Ave» sur la gauche. Sur le socle : « Souvenir de la famille, Jean Bouffandeau. » Ce dernier était bordier à la Logette quand il érigea cet arceau, en 1892. Il avait perdu ses vaches, tuées par la foudre, tandis que sa femme et son bébé avaient été miraculeusement épargnés. Une collecte fut organisée à Chambretaud pour lui venir en aide. Jean Bouffandeau put ainsi racheter de nouvelles vaches, mais considéra avec honnêteté qu’il ne pouvait utiliser le surplus d’argent. Il le consacra par conséquent à l’édification de cet arceau dédiéà la Sainte Famille, que les gens du voisinage fleurissent toujours.
Mon chemin file vers la croix du Boisniard (n°10), frappée en son sommet d’une croix de Malte, et tourne à gauche jusqu’à l’arceau du Grand-Bois (n°11). Son origine est obscure, mais on la date de la fin du XVIIIe ou du début du XIXe siècle. Un tableau le représente d’ailleurs dans le décor d’une scène des Guerres de Vendée, entouré de combattants et d’un chef aux allures de La Rochejaquelein.
J’achève ce chemin de randonnée en contournant le château du Boisnard, puis en regagnant l’église. La nuit commence déjàà tomber, mais il reste assez de lumière pour une dernière photo, celle de la croix de la Délivrance (au rond-point en bas de la rue des Roses). Elle fut élevée par Élie Cousin, maçon du bourg, après une promesse faite à Notre-Dame de la Délivrance, alors que la naissance de son fils s’annonçait difficile. La Vierge répondit à ses prières et le petit Jules survécut. Il devint même l’un des plus célèbres enfants de Chambretaud. Prêtre aux Missions étrangères, Jules Cousin embarqua pour le Japon, dont il apprit la langue. Il la maîtrisera au point de composer un dictionnaire français-japonais. Chargé d’une mission dans le sud de l’archipel, il deviendra en 1891 le premier évêque de Nagasaki, et animera son diocèse jusqu’à sa mort en 1911.
Mgr Cousin et la croix de la Délivrance
Ma promenade s’arrête ici, tout près de l’église sur laquelle il y aurait tant à raconter…