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La paire de claques de l'abbé Massonnet

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Dans son œuvre pédagogique, le Souvenir Vendéen développa très tôt des outils originaux destinés à sensibiliser les écoliers à l’histoire vendéenne, notamment des cahiers illustrés de récits de la Grande Guerre. En voici un exemple amusant, extrait du n°11…

Noyades de NantesScène des noyades des Nantes, fin 1793
  

À Nantes, durant l'hiver 1793-1794, à l'époque où l'exécrable Carrier mettait en œuvre son fameux système de « déportation verticale et radicale », les noyades en Loire, vivait l'abbé Massonnet appartenant au clergé de la ville. Comme tant d'autres, pour exercer son ministère, il demeurait caché, déguisant sous une physionomie d'emprunt son caractère de prêtre.

Afin de passer inaperçu, l'abbé Massonnet s'était fait pêcheur au carrelet. Peut-être ce métier qu'il avait pu exercer autrefois comme passe-temps ne lui était-il pas désagréable ? Toujours est-il qu'aux terribles jours des noyades, il le faisait servir à des fins surtout spirituelles.

Quand il savait qu'une exécution devait avoir lieu en Loire, il partait lui-même avec son attirail de pêcheur. Il amarrait sa barque du côté de l'île Cheviré, en amont du lieu où les gabares étaient ordinairement englouties ; et lorsque dans la nuit il voyait passer non loin de lui les sinistres bateaux noirs, l'humble pêcheur, debout dans sa barque, prononçait sur ceux qui allaient mourir les paroles sacramentelles de l'Absolution.

L'abbé Massonnet avait son logement chez les époux Brochet, qui tenaient, dans la ville de Nantes, une petite boutique d'épicerie. Ces Brochet étaient de fort braves gens, des Vendéens originaires de L'Aiguillon-sur-Vie, dans le canton de Saint-Gilles. Durant toute l'époque de la Terreur, ils s'employèrent de leur mieux à rendre service et à cacher des prêtres, proscrits.

Le Souvenir VendéenIls donnaient donc asile à l'abbé Massonnet et vendaient les aloses de Loire que de temps en temps il leur apportait. Or, un jour, le pêcheur faillit lui-même être pêché. Il avait été dénoncé et un beau matin la mère Brochet voit soudain sa maison entourée de soldats qui crient : « Massonnet est là ! Nous le tenons ! »

La brave épicière ne fait ni une, ni deux. Elle pénètre dans la pièce où se tient caché l'abbé, lui donne un cotillon, une camisole, le coiffe d'un de ses bonnets, puis, le pousse dans la boutique où elle le gratifie d'une retentissante paire de claques tout en l'injuriant le plus grossièrement possible.

L'abbé a compris. Il sort en sanglotant. Sa tête dans ses mains et crie d'une voix suraiguë que la patronne est tout de même trop méchante pour sa pauvre chambrière et que, puisque c'est ainsi, la chambrière va de ce pas retourner chez ses parents.

Et la grande fille dégingandée sort en courant de la boutique, poursuivie par les injures de la mère Brochet et saluée au passage par les quolibets des soldats qui ne remarquent même pas que cette servante a tout de même de grands pieds et la démarche un tantinet masculine…

L'abbé Massonnet devint, après la Révolution, grand vicaire de Nantes. «Ce qui ne me serait probablement jamais arrivé, disait-il parfois en souriant, si je n'avais été giflé et si l'on ne m'avait déguisé en fille.»


L'anecdote a également été rapportée par Henri Bourgeois dans La Vendée historique, n°118, 20 décembre 1901, pp. 512-514.
  


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