Ayant appris dans la presse que le site de la Fosse aux Chouans venait d’être réaménagé mercredi dernier, je suis rendu aujourd’hui dans ce recoin isolé de la forêt de la Pélissonnière qui garde le souvenir de persécutions de toutes époques.
La Fosse aux Chouans, vue de la tranchée circulaire
Le nom de « la Fosse aux Chouans » n’apparaît pas sur les cartes du Boupère. À peine voit-on ce site étrange dessiné d’un petit cercle sur le cadastre ancien de 1840. Il faut donc se rendre sur place, suivre l’itinéraire de randonnée n°4 (balisage jaune), quitter celui-ci après le carrefour du Gros Chêne pour emprunter un étroit sentier heureusement très bien fléché. Vous vous enfoncez alors au cœur d’une épaisse forêt où se cache cette mystérieuse Fosse aux Chouans.
Ma randonnée de ce dimanche
Fichier PDF : Carte_de_la_Fosse_aux_Chouans
Localisation de la Fosse aux Chouans sur le cadastre ancien
L’endroit est formé d’un terre-plein circulaire entouré d’un fossé formant une douve. On y pénètre par une passerelle fraîchement rénovée. Au centre de cet espace ont été installées des tables de pique-nique, ainsi qu’une pancarte avec une notice explicative. On peut y lire que la Fosse aux Chouans fut marquée par deux événements historiques : les persécutions contre les protestants après la révocation de l’Édit de Nantes (1685), et les Guerres de Vendée.
Les historiens évoquent en effet d’importants rassemblements de protestants en 1698 – jusqu’à 6 000 fidèles – lors d’« assemblées du désert »à la Débuterie (le château est tout proche, bien que sur la commune de Rochetrejoux) et au Bois-Pouvreau, une ferme voisine en lisière de forêt. Pourchassés par les troupes de l’intendant du Poitou, certains furent victimes d’exécutions. La parcelle a d’ailleurs conservé le nom de « Champ des Martyrs ».
Le Gros Chêne au carrefour de la forêt
Un petit pont donne accès au sentier de la Fosse aux Chouans
Des passerelles en bois permettent de franchir les fossés qui sillonnent la forêt
Le lieu retrouve une fonction de refuge sous la Révolution. Des insurgés vendéens s’en sont servis de base de repli protégée par son isolement et par les tranchées aménagées tout autour. On peut voir également, signalé par un panneau un peu à l’écart, l’emplacement d’un poste de garde placéà l’entrée de la Fosse aux Chouans. De là les combattants pouvaient rejoindre le chemin du Boupère à Algon, qui passe tout près du château de la Pélissonnière.
On lit également que le général Hoche aurait donné l’ordre, le 10 décembre 1795, d’envoyer des troupes pour chasser les Vendéens qui se cachaient dans les bois de la Pélissonnière. L’endroit servait donc bien de repaires aux rebelles, que la tradition orale désigna sous le nom de « Chouans ». Il est vrai que c’est ainsi qu’on les appelait, même en Vendée, à l’époque des derniers soulèvements royalistes.
L'une des deux passerelles rénovées mercredi dernier par des bénévoles.
On distingue sur la droite le terre-plein circulaire délimité par le fossé.
Encore quelques photos, cette fois dans le bourg du Boupère d'où je suis parti...
Il me restera à présenter un prochain jour le chemin creux menant à la Davière.
La chapelle Notre-Dame de Toutes Grâces
Le cœur vendéen au-dessus de l'entrée
L'intérieur de la chapelle et les vitraux évoquant la Première Guerre mondiale
Au Boupère, une rue Henri de La Rochejaquelein à l'orthographe hasardeuse...
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