Le Souvenir Chouan de Bretagne s’est recueilli hier, comme chaque année depuis 18 ans, pour honorer la mémoire des milliers de victimes de la « justice » révolutionnaire, noyées dans la Loire en 1793-1794. Les participants ont également fait étape devant quelques-unes des nombreuses prisons qui firent de Nantes une véritable ville pénitentiaire.
Rassemblement devant le Belem, près du pont Anne de Bretagne
Retenu par d’autres occupations, je n’avais pas prévu de me rendre à cette manifestation, mais quand j’ai appris qu’en réponse aux événements de Paris les autorités demandaient l’annulation de toute manifestation publique, je me suis fait un devoir d’y assister. On ne cède pas à la Terreur. C’est une tradition familiale vieille de plus de deux cent vingt ans.
Après la messe célébrée en l’église Notre-Dame-de-Bon-Port (à l’emplacement de l’ancienne prison du Sanitat), nous avons marché sous la conduite de Noël Stassinet, président du Souvenir Chouan de Bretagne, jusqu’à la rue du Général La Moricière où s’élevait, sous la Révolution, l’immense Entrepôt des Cafés. Ce camp de concentration avant l’heure renferma des milliers de prisonniers entassés sur plusieurs étages dans des conditions abominables. Pour se débarrasser de ce lieu de pestilence, les révolutionnaires nantais en vidèrent les cachots par fournées, menant leurs prisonniers à la mort par la fusillade dans les carrières de Gigant ou par la noyade dans les flots de la Loire.
Noël Stassinet raconte l'histoire de l'Entrepôt des Cafés
la plus grande prison nantaise sous la Terreur
En mémoire de ces victimes de la Terreur, une gerbe de fleurs a été jetée dans le fleuve depuis le pont Anne de Bretagne. Entraînée par le courant, elle s’est peut-être échouée sur une berge du côté de Cheviré, là où des travaux de dragage avaient remonté il y a quelques années des ossements de victimes de Carrier. La cérémonie s’est achevée en contrebas du pont, sur l’esplanade où le nom de « La Gloire » a été gravé dans une plaque de verre scellée dans le sol. Les 99 prêtres embarqués sur cette galiote le 28 octobre 1793 furent transférés sur une sapine le 16 novembre suivant pour être engloutis dans la Loire. Cette date marque le début les Noyades de Nantes et l’anniversaire que le Souvenir Chouan de Bretagne célèbre chaque année.
Le pont Anne de Bretagne, lieu de commémoration des Noyades de Nantes
« La Gloire », bateau prison pour les prêtres noyés en Loire
Après le déjeuner, Noël Stassinet nous a fait découvrir les vestiges d’autres prisons de Nantes : la maison Saint-Clément, la Visitation, etc., ainsi que le siège de la commission Lenoir (qui envoya tant d’innocents à la mort) dans l’hôtel Pépin de Bellisle, face à la colonne Louis XVI. Les derniers participants ont pu prolonger la visite sur la place du Bouffay, ce haut lieu de la Révolution à Nantes symbolisé par sa prison et par la guillotine qui trônait en son centre. Il est heureux qu’il reste encore des fidèles pour s’en souvenir.
L'hôtel Pépin de Bellisle, siège de la commission Lenoir