L’intervention d’Hervé de Charette en faveur de Saint-Florent-le-Vieil comme lieu de sépulture pour les ossements exhumés des charniers du Mans a relancé cette semaine le débat autour de ces restes tant convoités. Le Courrier de l’Ouest a fait le point vendredi dernier sur cette affaire qui tourmente une mémoire toujours vive.
Le Courrier de l'Ouest, édition de Cholet, vendredi 11 mars 2016
Un débat – un de plus – agite le Landerneau des Guerres de Vendée. Cette fois, il s’agit de trouver un lieu de sépulture pour les 154 squelettes mis au jour au Mans en 2009. Le point sur le dossier.
Des morts venus des Mauges
Au printemps 2009, 154 squelettes sont exhumés lors de travaux en centre-ville du Mans. Il s’agit de victimes de la bataille du Mans qui opposa, les 12 et 13 décembre 1793, les Vendéens insurgés en déroute aux troupes républicaines. L’Institut de recherches archéologiques préventives (Inrap) a livré ses conclusions il y a peu. Sur les 154 dépouilles, il y a 134 adultes (dont 67 % d’hommes) et 20 enfants (8 de moins de 14 ans et 12 de 15 à 19 ans). La majorité des Vendéens ayant pris part à cet épisode de la Virée de Galerne habitaient les Mauges. « Entre 52 % et 58 % », selon l’historien Alain Gérard, spécialiste des Guerres de Vendée désigné comme expert. On peut en déduire que nombre des squelettes sont ceux d’habitants des Mauges.
Deux experts nommés
Jean-Claude Boulard, maire socialiste du Mans, Yves Auvinet, président divers droite du Conseil départemental de Vendée, et Bruno Retailleau, président Les Républicains de la Région Pays de la Loire, ont missionné deux experts pour trouver un lieu de sépulture. Il s’agit d’Élodie Cabot, l’anthropologue qui a étudié les squelettes, et l’historien Alain Gérard. La décision finale n’appartient pas à ces élus mais à l’État, via la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), propriétaire des squelettes. « Les modalités de l’expertise restent à préciser avec la Drac, indique Élodie Cabot. Ce qui est sûr, c’est que nous aurons seulement un rôle de proposition, nous apportons notre concours scientifique. » Alain Gérard, lui, rappelle qu’il demeure « une incertitude » sur les victimes. « Les conclusions montrent qu’on ne peut pas exclure qu’il y ait des soldats républicains et des habitants du Mans dans le lot, le lieu de sépulture ne peut donc être dédié aux seules victimes vendéennes. » Aucun calendrier ne leur a été fixéà ce jour.
La chapelle des Herbiers
Une association va voir le jour pour proposer un ossuaire dans la chapelle du mont des Alouettes aux Herbiers (Vendée). Le maire de la commune, Véronique Besse (Mouvement pour la France), soutient le projet ainsi que l’association Vendée Militaire, l’association (versaillaise) des descendants de Chouans et Vendéens, les Vendéens de Paris, l’ancien député Dominique Souchet. Sans oublier le député-maire de Cholet, Gilles Bourdouleix (divers droite), lui aussi favorable aux Herbiers selon Vendée Militaire. « Le mont des Alouettes, haut lieu des guerres de Vendée (2), est un lieu symbolique de recueillement et de mémoire », souligne Véronique Besse.
L’abbatiale de Saint-Florent
Hervé de Charette, ancien maire de Saint-Florent-le-Vieil (1), vient de faire une contre-proposition. Le descendant indirect du célèbre général vendéen François Athanase Charette de La Contrie verrait bien les ossements sur les bords de Loire dans la crypte de l’abbatiale. Il avance deux arguments : Saint-Florent fut le point de départ de la Virée de Galerne et le lieu du pardon de Bonchamps. Des proches de l’association du Souvenir Vendéen soutiennent cette option. Son président Michel Chatry indique que le conseil d’administration prendra position sur la question samedi.
Et ailleurs ?
Le maire du Mans a déjà fait savoir qu’il ne souhaitait pas récupérer les ossements. Un autre projet avait étéévoqué en 2009 par Philippe de Villiers, celui du Mémorial des Lucs-sur-Boulogne (Vendée), théâtre d’un effroyable massacre par les Colonnes infernales en 1794. Cette piste paraît peu probable aujourd’hui.
(1) Interrogé, André Retailleau, maire délégué de Saint-Florent-le-Vieil, n’a pas répondu à nos sollicitations.
Gabriel Boussonnière
(2) Note personnelle : Aucun haut fait des Guerres de Vendée, ni aucune bataille n’a eu lieu sur le Mont des Alouettes. La chapelle commémore le passage de la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette sur cette colline le 18 septembre 1823. Elle constitue ainsi un haut lieu du royalisme en Vendée, que la croix de Louis XVI, inaugurée à proximité le 22 mai 1993, complète avantageusement. La présence présumée de soldats républicains et de Manceaux parmi les restes découverts dans les charniers du Mans risque par conséquent de rendre caduc tout projet de sépulture à cet endroit.