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Deux frères prêtres pour une paroisse double

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Sous la Révolution, La Boissière-du-Doré et La Remaudière étaient desservies par le même curé, Charles Brillaud, assisté d’un vicaire qui n’était autre que son propre frère, Jean. Cette situation originale a suscité une querelle de clochers pour s’attacher la résidence des deux prêtres. Elle a aussi permis à ces deux villages du Vignoble nantais de maintenir le culte catholique dans la clandestinitéà l’époque de la Terreur. 

Tombe Brillaud 2   Sur la tombe de l'abbé Charles Brillaud
   

Charles et Jean Brillaud étaient les fils – parmi huit enfants – de Mathurin Brillaud et Perrine Grégoire, qui vivaient au Bordage, paroisse de Cugand (Vendée). Le premier y est né le 30 août 1745 ; le second, le 6 juin 1749.

Charles accéda à la prêtrise en décembre 1770 et reçut la charge de curé de La Boissière-La Remaudière (1) le 3 mai 1790. Son cadet, Jean, le suivit en devenant son vicaire. À peine installés, ils furent confrontés à une querelle entre leurs deux clochers qui réclamaient l’un et l’autre la résidence de leurs prêtres.

Toutefois ce n’était rien au regard des événements qui survinrent l’année suivante. Charles et Jean Brillaud refusèrent en effet de prêter le serment imposé aux ecclésiastiques après le vote de la Constitution civile du clergé, le 12 juillet 1790. Démis de leur charge, ils durent quitter leur cure, mais les officiers municipaux écrivirent au Département en avril 1792 pour demander leur retour. Les frères Brillaud ne s’éloignèrent pas cependant, et continuèrent d’assurer le culte dans la clandestinité dans la région de Cugand, puis de nouveau dans leur paroisse (2). On rapporte qu’ils avaient aménagé une cachette sous le presbytère de La Boissière-du-Doré.
   

CarteLocalisation de La Remaudière et La Boissière-du-Doré
sur une carte du département de la Loire-Inférieure (1790)
   

113 victimes des Colonnes infernales à La Remaudière

L'abbé Charles Brillaud tint également un registre paroissial clandestin qui nous est parvenu pour La Remaudière. On peut lire sur une feuille ajoutée en préambule :

En 1792, le recteur se déchargea entre les mains de la municipalité des registres de la paroisse, et ce conformément à la Loi. Cependant, traqué, il préféra demeurer parmi ses ouailles durant toute la crise. Il établit un premier registre des différents actes qu’il fit lui-même ; détruits, il les reconstitua à l’aide de sa mémoire et en rassemblant la population à la fin de la guerre.

Ces registres sont exceptionnels car ils renferment la liste intégrale du génocide vendéen.

« Aux mois de mars 1794, le pays fut investi par les bandes infernales qui mirent tout à feu et à sang. Les Bleus formaient un camp dans la Lande Sainte-Catherine, et de là, se répandaient dans la campagne, massacrant hommes, femmes et enfants jusque dans les buissons et bruyères où ces malheureux s’étaient retirés. Une pieuse femme a vu de ses propres yeux sept chartées de cadavres que l’on transportait au cimetière. Les Bleus essayèrent d’incendier l’église, mais seule la chapelle de la Sainte-Vierge fut en partie brûlée : les paysans purent éteindre le feu ; la cure fut elle aussi épargnée » (extrait du Registre de la paroisse de La Remaudière).

On trouve dans ce registre une liste de 113 noms identifiés de victimes des Guerres de Vendée, la plupart tuées lors du passage de la colonne infernale de Cordelier en mars 1794. C’est à ces martyrs oubliés par les historiens, et à l’abbé Brillaud, que le Souvenir Vendéen rendra hommage en venant à La Remaudière à l’occasion de la journée de printemps, le samedi 16 juin 2018.
   

Registre clandestinEn-tête du registre clandestin de La Remaudière (A.D. 44)
   

Au retour de la paix, Charles Brillaud s’établit à La Boissière-du-Doré, au grand dam des Remaudiérois qui demandèrent à leur évêque un prêtre résident dans leur commune. Ils ne l’obtinrent qu’en 1818 à l’arrivée du Père Ménardeau.

Le recteur de La Boissière-du-Doré fut maintenu dans sa cure jusqu’à sa mort, le 1er juin 1817. Sa tombe est toujours visible dans le cimetière. Une plaque posée au centre de la croix rappelle qu’il desservit les deux paroisses : « Ci-gît Mr. L’Abbé BRILLAUD Curé de la BOISSIÈRE et de la REMAUDIÈRE depuis 1790 au 1er juin 1817 jour de son décès ». 

Son frère Jean, devenu curé de Liré (Maine-et-Loire) après le Concordat, le rejoignit au Ciel le 19 mars 1824.

Tombe Brillaud 1La tombe de l'abbé Brillaud dans le cimetière de La Boissière-du-Doré
   

16 juin 2018 : visite des lieux de mémoire
de La Boissière-du-Doré et de La Remaudière

Pour découvrir les lieux qui ont vu se dérouler ces événements peu connus et pour honorer les trop nombreuses victimes des Colonnes infernales à La Remaudière et à La Boissière-du-Doré, je vous invite à participer à la journée de printemps du Souvenir Vendéen, le samedi 16 juin 2018. Le programme est disponible ici. Leur histoire sera racontée par les meilleurs connaisseurs du pays : MM. Jean-Pierre Petiteau pour La Remaudière et Jean-Camille Émeriau pour La Boissière-du-Doré.

Téléchargez ici :

SOUVENIR_VENDEEN_16_JUIN  

  1. Cette paroisse double relevait des Marches communes d’Anjou et de Bretagne.
  2. Alfred Lallié, Le diocèse de Nantes pendant la Révolution, 1893, t. II, p. 59.

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