Après leur grande victoire à Saumur, le 9 juin 1793, les Vendéens mirent la main sur un véritable arsenal, constitué notamment de 46 canons. De ce nombre était la sœur de la pièce qu’ils appelaient « Marie-Jeanne » : ils la nommèrent sur-le-champ « Marie-Antoinette ».
Détail de l'« Extrait de la Correspondance des Généraux de l’armée Catholique… »
en date du 10 juin 1793 (document complet ci-dessous)
Qu'était donc cette « Marie-Antoinette » annoncée comme étant la sœur du canon mascotte des Vendéens ? Avait-elle la même origine, c'est-à-dire le château de Richelieu ? Avait-elle les mêmes décorations, ou lui ressemblait-elle assez pour autoriser cette affirmation ? On ne sait car il n'existe pas d'autres renseignements plus complets sur cette pièce d'artillerie (J.-M. Crosefinte, L’armement du combattant vendéen, p. 179).
Son nom est mentionné dans un « Extrait de la Correspondance des Généraux de l’armée Catholique & Royale avec le Conseil Supérieur provisoire séant à Châtillon », daté« du quartier général de Saumur, le 10 juin 1793, l’an premier du règne de Louis XVII ». L’affiche figure parmi les rares documents imprimés par les Vendéens. Les Archives de la Vendée l’ont mise en ligne sous la cote SHD B 5/5-24.
On y lit, après une description de la bataille de Saumur : « On a pris dans la ville 46 pièces de canon, dont plusieurs de 8, de 16 & même de 18. De ce nombre est la sœur de la fameuse pièce appelée MARIE-JEANNE ; on l’a nommé sur le champ MARIE-ANTOINETTE… »
La « Marie-Jeanne » dessinée par Octave de Rochebrune (1874)
Le nom de « Marie-Antoinette » n’est pratiquement jamais mentionné dans l'histoire de l'artillerie vendéenne. On sait seulement, d’après Pitre-Chevalier, que ce canon se trouvait parmi ceux qui passèrent la Loire à Saint-Florent-le-Vieil le 18 octobre 1793, grâce à un jeune et brave officier de Bonchamps, M. Le Grand de La Liraye. « Investi, par son courage et son sang-froid (…) du commandement passager de cette armée sans général, il arrêta le torrent qui allait abandonner tout le matériel de l’expédition, fit placer sur les premiers bateaux, la Marie-Jeanne, la Marie-Antoinette, le Butor, ces pièces de canon avec leurs accessoires, et les conduisit, de sa personne, à l’autre rive » (Bretagne et Vendée, p. 462). Hélas, Pitre-Chevalier n’en fait plus état dans la suite de sa relation de la Virée de Galerne.