Au sortir du bourg de Beausse, à l’embranchement des routes de Botz et de Chaudron-en-Mauges, se dresse un calvaire connu sous le nom de « Croix de la Paix ». Sur son socle, une pierre gravée porte la date de 1793.
L’inscription principale indique : « Souvenir des Familles Oger et Bondu, 1856-1911 ». D’autres noms et prénoms l’entourent : « Anatole, Alexis, Gabory, Frémondière ». Tous ces noms sont communs à Beausse et l’on trouve sans peine des mariages qui les unissent au XIXe siècle.
Au-dessus de l’ensemble figure une date, « 1793 », précédée d’une croix et de quelques lettres difficiles à décrypter, « I emr ».
La plaque de la Croix de la Paix
La chronique des Guerres de Vendée évoque très rarement la paroisse de Beausse. Madame de La Rochejaquelein la cite dans ses Mémoires, lorsqu’elle y passa avant de franchir la Loire le 18 octobre 1793 : « Nous nous trouvons la nuit dans le village de Beausse (…), où nous couchons comme nous pouvons ; la chambre fut toute la nuit, remplie de soldats de Bonchamps qui allaient rejoindre l’armée. Nous entendîmes à trois heures du matin tirer des coups de canon du côté de Montjean et de Saint-Florent : c’était un bruit horrible… » (édition de 1889, p. 283) C’est, du reste, la seule anecdote concernant Beausse qu’on trouve chez l’abbé Deniau.
Célestin Port ne se contente de mentionner à Beausse, pendant la Révolution, que le curé Mathurin Allard, prêtre jureur, dont l’historien affirme qu’il « resta en fonctions jusqu’en 1794 ». En réalité, sa signature apparaît au registre d’état civil (il signe comme « officier public ») jusqu’au 8 mars 1793, puis reprend au 28 frimaire an II (18 décembre 1793) ; le curé jureur de Beausse a donc dû fuir le pays pendant la guerre. Sa dernière signature date du 15 pluviôse an II (3 février 1794), en pleine période des Colonnes infernales.
La croix pourrait rappeler «une exécution ayant eu lieu à cet endroit»
Renseignement pris sur place, un ou deux massacres ont bien été perpétrés à Beausse par les Bleus, mais seule la mémoire orale en a gardé la trace. L’un d’eux, qui concerne la Croix de la Paix, est évoqué par Henri Boré dans son livre Les témoins muets de la Vendée angevine :
« (Elle) a été implantée le 15 décembre 1860. La croix précédente daterait d’une mission de 1793 (d’après la tradition du pays). Il paraît peu probable d’une mission ait pu être prêchée et un calvaire érigé en pleine guerre de Vendée. Sur le socle, une pierre blanche où sont gravées les inscriptions suivantes : E.M.R. † 1793, Anatole, Alexis, Gabory, Frémondière. Il pourrait rappeler un événement, une exécution ayant eu lieu à cet endroit » (p. 164).
C’est, pour l’heure, tout ce qu’on peut savoir sur ce lieu de mémoire. Toutes les informations à ce sujet seront les bienvenues !
Merci à Valéry !