Comme le dernier éditorial de la Revue du Souvenir Vendéen l’a souligné avec justesse, ce printemps aura été riche en publications nationales consacrées aux Guerres de Vendée. C’est à nouveau le cas avec le n°5 d’Histoire Magazine qui couvre largement ce sujet au fil de plusieurs entretiens.
Le premier intervenant, Michel Chamard, était tout désigné pour donner les clefs permettant de comprendre les grandes lignes du soulèvement vendéen. L’auteur du livre à succès Les Guerres de Vendée pour les nuls décrit le cadre géographique, distingue « Vendéens » et « Chouans », évoque la situation religieuse à la veille de la Révolution et l’accueil de la population en faveur des réformes de 1789. Il explique comment les espoirs ont cédé la place aux déceptions, et bientôt à la colère.
Les points concernant l’insurrection de mars 1793 sont présentés brièvement, mais avec clarté : son caractère populaire, les actes de violence et de clémence, l’armement et les effectifs des paysans, leurs chefs nobles, les campagnes militaires et la répression qui s’abat sur la Vendée.
L’entretien avec Jean-Joël Brégeon complète ce panorama à travers le portrait succinct de quelques chefs charismatiques : Cathelineau, Bonchamps, La Rochejaquelein et Charette.
Le génocide vendéen démontré par le droit
Le génocide vendéen occupe la seconde partie du dossier. On n’y manquera pas l’excellente analyse de Jacques Villemain qui résume le propos de son livre Vendée 1793-1793. Rappelant à plusieurs reprises que ce point de droit n’est pas de la compétence des historiens, le juriste n’a pas été contredit à ce jour, après la publication de son ouvrage qui fait date désormais sur cette question sensible.
On peut juste regretter qu’il manque un chapitre, LE chapitre essentiel dans cette histoire, celui des Colonnes infernales, qui expliquerait au lecteur néophyte l’enchaînement des faits, le rôle de Turreau, la marche de ses troupes et leurs principaux commandants, les lieux des massacres (qui ne se limitent pas aux Lucs-sur-Boulogne, loin s’en faut !), jusqu’à l’échec de cette campagne de 1794.
C’est en effet sur cette effroyable répression que s’est fondée l’identité vendéenne. Certes les Colonnes infernales sont évoquées çà et là, en toile de fond, mais une synthèse reposant sur des faits avérés (ils sont nombreux et parfaitement documentés par les archives, sans qu’il soit besoin de recourir au spectaculaire, surtout lorsqu’il est fantaisiste) aurait aidéà mieux appréhender la question du génocide vendéen.
On se consolera de cette lacune et de quelques inexactitudes historiques, en lisant le remarquable article intituléLa machine à tuer, dans lequel Patrice Gueniffey décrit l’escalade de la violence, qui s’emballe dès les prémices de la Révolution, et les mécanismes de la surenchère entre les factions qui précipitent inexorablement le cours des événements vers la Terreur.
Signalons enfin l’article que Pascal Cyr, spécialiste de l’histoire napoléonienne, consacre au soulèvement de 1815. Il est rare de trouver, dans ce genre de publication, un texte aussi intelligent que concis pour expliquer le déroulement et les enjeux de cette avant-dernière Guerre de Vendée.
Histoire Magazine n°5, juin-juillet-août 2019, 98 pages, 8,90 €