Quantcast
Channel: Vendéens & Chouans
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1954

Le général vendéen Charette était-il blond ?

$
0
0

Dans la plupart des portraits qu’on lui connaît, Charette arbore une chevelure brune, en partie couverte d’un grand mouchoir « à la créole ». Le témoignage d’une jeune Sablaise, prisonnière des Vendéens à l’été 1795, laisse entendre cependant que le général vendéen était blond.

Charette de La ContrieFrançois Athanase Charette de La Contrie, par Paulin Guérin
(Musée d'Art et d'Histoire de Cholet)
  

Le 27 juin 1795, deux divisions de Charette, celle des Sables commandée par son frère aîné Louis-Marin et celle du Pays de Retz commandée par Louis Guérin, attaquèrent un convoi de vivres que la place des Sables envoyait au camp républicain de Palluau. L’affaire eut lieu entre La Mothe-Achard et Aizenay, aux Moulières, commune de Saint-Georges-de-Pointindoux.

Elle tourna à l’avantage des Vendéens, malgré le désordre lié au pillage, mais aussi à l’apparition de l’escorte du représentant Gaudin qu’on prit pour un renfort de cavalerie ennemie, alors qu’elle fît demi-tour à grande allure. « Ce (…) fut un grand chagrin pour nous quand nous sûmes quelle prise venait de nous échapper », rapporte Lucas de La Championnière dans ses Mémoires (1).

Une jeune Sablaise parmi près de 300 prisonniers

Outre un grand nombre de voitures avec leurs attelages, des chevaux de selle, des armes, des munitions, et tout un chargement de pain, les deux chefs divisionnaires de Charette s’emparèrent de près de 300 prisonniers qu’ils conduisirent par Beaulieu et Venansault jusqu’au quartier général de Belleville.

Parmi eux se trouvait « une jeune Sablaise, sardinière de son état et vivandière par occasion, nommée Élisabeth Guillet » (2). Son histoire nous est parvenue grâce à la déposition qu’elle fit le 29 juin 1795 devant le conseil général de la commune des Sables (3).

Rencontre avec Charette, « un homme assez grand et blond »

En voici la retranscription : « Pendant la séance est entrée la citoyenne Élisabeth Guillet habitante de cette commune, laquelle a dit qu’en se rendant le neuf du mois (4) à Palluau avec l’escorte, pour porter aux militaires des subsistances, elle aurait comme tout le reste du convoi été arrêtée à la hauteur des Moulières ; qu’elle n’aurait échappéà la mort que parce qu’elle avait été reconnue par un chef des brigands nommé Jouvain, ancien grenadier au quatrième bataillon de la Charente ; qu’elle aurait été conduite à la Nicolière (5) et de làà Venenceau (Venansault) ; que c’était le frère de Charette qui commandait la troupe des brigands ; qu’il lui avait dit avoir avec lui 8.000 hommes ; que ledit frère de Charette voulait la faire tuer, mais que Jouvain s’y était opposé et avait répondu d’elle. »

On apprend ensuire « qu’elle avait été conduite à Belleville où on l’avait menée devant un homme assez grand et blond qu’on lui avait dit s’appeler le général Charette ; qu’il était blesséà la joue gauche d’un coup de sabre ; que le même Charette que les brigands appelaient leur Roy (souligné dans le texte) lui avait donné une permission pour revenir aux Sables et leur porter de la sardine, laquelle permission la répondante a remis entre les mains du c.(itoyen) Reboul, commandant du 4e bataillon de la Charente ».

AExtrait de la déposition d'Élisabeth Guillet, A.D. 85, SHD B 5/11-69
  

La guerre du renseignement

Plusieurs questions portaient sur les ressources dont disposaient les républicains : « Charette lui avait demandé combien il y avait de troupes aux Sables ; elle aurait dit qu’il y avait 2.000 hommes… »

Élisabeth ajoute « que Charette qu’on appelle le Roy, son frère, Bonin (6), et Guérin, autres généraux brigands, l’avaient chargée de dire à la municipalité des Sables que si on ne leur rendait pas leur général Allard (7), les autres hommes et les chevaux qu’on leur avait pris, ils ne feraient point de prisonniers et tueraient tous les hommes qu’ils nous prendraient… »

La jeune Sablaise achève sa déposition en indiquant « que les brigands étaient fort mal armés et que beaucoup n’avaient que des piques et des fourches, qu’on lui avait dit que Nantes était pris, que les Chouans et Stofflet s’étaient rendus maîtres de la ville, que Stofflet avaient donné une déroute aux Bleus proche des quatre chemins (8) ».

Nantes restait pourtant aux mains des républicains et si une déroute avait en effet été donnée aux Bleus, elle n’était pas du fait de Stofflet, mais bien de celui de Charette qui venait de s’emparer du camp des Essarts, le 25 juin précédent. Cette attaque marqua la reprise de la guerre après une trêve de quatre mois.
  


Notes :

  1. P.-S. Lucas de La Championnière, Mémoires sur la guerre de Vendée, réédition Pays et Terroirs, 1994, p. 117.
  2. R. Bittard des Portes, Charette et la guerre de Vendée, 1902, réédition Pays et Terroirs, 1994, p. 466.
  3. Archives de la Vendée, Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense, SHD B 5/11-69, 29 juin, vues 5-6/6.
  4. Le 9 messidor an III, soit le 27 juin 1795.
  5. Entre Beaulieu-sous-la-Roche et Venansault.
  6. De Venansault.
  7. Ancien aide de camp de La Rochejaquelein, passéà l’armée de Charette, Henry-Marie Allard commandait la division dite des Sables. Il avait été capturé quelques jours auparavant.
  8. Les Quatre-Chemins-de-l’Oie.
      

Viewing all articles
Browse latest Browse all 1954

Trending Articles



<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>