Originaire de Challans, Jacques-Augustin Robert de Lézardière fut par deux fois emprisonné, en 1791 et en 1792. La seconde incarcération lui fut fatale, puisqu’il figure au nombre des victimes des « Massacres de Septembre ».
Portrait du bienheureux Augustin de Lézardière,
vitrail de l'église des Lucs-sur-Boulogne
Né au château de la Vérie, paroisse Notre-Dame de Challans, le 27 novembre 1768, Jacques-Augustin Robert de Lézardière suivit sa famille lorsque celle-ci s’établit quatre ans plus tard au château de la Proutière, paroisse de Poiroux. L’endroit est connu pour avoir servi de cadre à un complot de nobles du Bas-Poitou en juin 1791, à la même époque que la « fuite à Varennes ». Cette « affaire de la Proutière » fut étouffée dans l’œuf par les autorités sablaises, le château incendié, les partisans du roi dispersés ou capturés, à commencer par plusieurs membres de la famille Robert de Lézardière.
L'abbé de Lézardière est emprisonnéà l'été 1791…
Jacques-Augustin, élève au séminaire de Saint-Sulpice à Paris depuis 1787, ordonné diacre le 15 avril 1791, fut arrêté lui aussi tandis qu’il cherchait à rejoindre les siens, puis envoyéà la prison de La Roche-sur-Yon. Son père, trois de ses frères, Paul-Toussaint, Sylvestre et Charles, qui tentaient de se rendre à Nantes, furent reconnus à Saint-Fulgent, enfermés à Montaigu le 30 juin, avant d’être transférés à leur tour à La Roche-sur-Yon. Tous furent conduits aux Sables, à la prison de la Coupe, où ils arrivèrent le 4 juillet. Le procès traîna tout l’été ; il aboutit à la libération de tous les prisonniers de la Proutière le 26 septembre 1791 (1). L’abbé de Lézardière put ainsi regagner le séminaire de Saint-Sulpice peu après sa libération.
… puis à nouveau à l'été 1792
Il eut mieux fait de demeurer en Vendée. L’été 1792 était autrement plus dangereux à Paris. L’abbé de Lézardière ne put échapper à la répression farouche qui s'abattait sur les ecclésiastiques réfractaires au serment constitutionnel. Arrêté au mois d’août, il fut jeté en prison dans l’ancien couvent des Carmes. C’est là qu’il se trouvait le dimanche 2 septembre 1792 lorsqu’il fut massacré aux côtés d’une centaine de religieux victimes de la rage d’un groupe de révolutionnaires. Les archives du Saint-Siège conservent le récit de ce drame rédigé par un rescapé, l’abbé de La Pannonie, chanoine du Vigan :
« Vers les quatre heures, nous entendons de grandes clameurs au voisinage ; peu de temps après, nous apercevons un groupe de forcenés qui nous montrent leurs piques au travers des barreaux d’une fenêtre. Nous ne doutâmes plus alors qu’ils vinssent pour nous égorger et nous nous empressâmes de nous demander et donner les uns aux autres l’absolution… Notre garde ne tarda pas à disparaître. Les assassins entrent dans le jardin, armés de fusils à baïonnettes, de piques et de pistolets, massacrent le premier qu’ils rencontrent… » (2)
Ces tueries se répandirent dans les prisons parisiennes, mais aussi ailleurs en France, jusqu’au 6 septembre 1792. L’Église a béatifié 191 de ces martyrs le 17 octobre 1926. L’abbé de Lézardière compte parmi ces bienheureux.
L'inscription au bas du vitrail de l'abbé de Lézardière aux Lucs-sur-Boulogne
Notes :
- Simone Loidreau, Juin 1791, l’affaire de la Proustière, une machination politique, Revue du Souvenir Vendéen n° 175 (juin-juillet 1991), pp. 13-29.
- Philbert Doré-Graslin, À Challans, le Souvenir Vendéen a rendu hommage au bienheureux J.-A. de Lézardière, Revue du Souvenir Vendéen n°181 (décembre 1992), p. 21.
L'acte de baptême de Jacques-Augustin Robert de Lézardière, A.D. 85, état civil de Challans, registres paroissiaux, 1766-1769, vue 56/78