Parmi les quatre articles publiés dans le dernier bulletin de l’association Histoire et Patrimoine du Bressuirais, le plus volumineux concerne la bataille des Aubiers, les 3 et 4 novembre 1799, un affrontement aussi mal connu que la courte guerre dont il fut l’un des événements majeurs. Son auteur, Michel Chatry, ancien président du Souvenir Vendéen, en a décortiqué les sources pour en rétablir le véritable déroulement, avec quelques surprises.
On aurait dû l’appeler « la bataille de Nueil-les-Aubiers », comme le note Michel Chatry, considérant à juste titre que ces deux paroisses furent le théâtre des combats le dimanche 3 et le lundi 4 novembre 1799.
Cet événement s’inscrit dans la série d’attaques lancées par les royalistes de l’Ouest à la fin de l’année 1799. On connaît les prises aussi brèves que retentissantes du Mans, de Nantes ou de Saint-Brieuc, au cours du mois d’octobre. Au sud de la Loire en revanche, les opérations eurent nettement moins d’éclats, en particulier pour l’armée d’Anjou et du Haut-Poitou commandée par Charles d’Autichamp. Celui-ci avait évincé son rival Henri Forestier, grièvement blessé au combat de Cirières le 7 septembre en voulant prendre Bressuire. Faute de pouvoir se confronter aux troupes de Delaage trop solidement implantées dans les Mauges, d’Autichamp entreprit de marcher sur Fontenay-le-Comte. Les Aubiers se trouvaient sur sa route ; c’est là qu’il se heurta à l’ennemi qui s’enferma dans le clocher de l’église.
Après avoir exposé le cadre historique de cette prise d’armes, Michel Chatry présente le récit de la bataille des Aubiers d’après le texte d’Alphonse de Beauchamp établi dès 1820 et les mémoires de Louis Monnier, un divisionnaire angevin présent sur le terrain, mais qui ne prit part qu’à l’un des mouvements de l’armée. Si leur description ne manque pas de précision, ces deux sources oublient complètement la manœuvre décisive du chef de bataillon Ardouin qui commandait les forces républicaines venues de Bressuire, une manœuvre que d’Autichamp n’avait même pas anticipée, sans doute trop confiant dans sa supériorité numérique (6.000 Vendéens face à 800 républicains). On se rêve à imaginer ce que Forestier aurait fait en pareil cas…
Dufresse s’attribue les mérites de son subordonné
Le rapport qu’Ardouin rédigea le 5 novembre à l’attention de son supérieur, le général de brigade Dufresse, et dont le texte est intégralement retranscrit dans l’article, explique précisément chaque phase de la bataille, l’attaque sur le pont du Quaireau et le bourg de Nueil, le contournement par le pont de Saint-Clémentin afin de prendre les Vendéens à revers, etc. Le bilan fut désastreux pour ces derniers : 500 morts, contre seulement 20 du côté républicain.
Michel Chatry ne s’arrête pas là. Il montre, d’après un rapport et une lettre trouvés au Service historique de la Défenseà Vincennes, documents retranscrits eux aussi, que le général Dufresse a cherchéà s’approprier les mérites de son subordonné en racontant la bataille au ministre de la Guerre comme s’il l’avait commandée sur place ! Émile Gabory l’a cru et l’a répété dans son Napoléon et la Vendée en ignorant totalement Ardouin, ce qu’on retrouve sur la page « Bataille des Aubiers (1799) » de Wikipédia. La mythomanie de Dufresse a de beaux jours devant elle…
L’article s’achève sur les conséquences de cette défaite vendéenne, sur les derniers feux de la guerre de 1799 dans le Haut-Bocage vendéen, et les pourparlers qui menèrent à la paix de Montfaucon l’année suivante.
On trouvera en annexe deux pièces d’archives qui concernent la première bataille des Aubiers, celle du 13 avril 1793, à propos de laquelle Michel Chatry a consacré un article aussi bien documenté dans le précédent bulletin de l’association Histoire et Patrimoine du Bressuirais.
Michel Chatry, Aux Aubiers, la défaite désastreuse des Vendéens (3-4 novembre 1799), Bulletin n°83 d’Histoire et Patrimoine du Bressuirais, année 2020, pp. 45-77. Le Bulletin est vendu 13 €. Il est disponible au siège de l’association (3 impasse des Hardilliers, à Bressuire), à la librairie Le Fréneau (12 rue de la Vergne), au Tabac-Presse de la place Émile Zola et à l’Espace Culturel Leclerc de Bressuire.