Le Souvenir Vendéen proposait hier une journée de découverte et de recueillement en Bressuirais, aux confins de la Vendée Militaire. Le parcours à rebours nous a menés du dernier soulèvement de 1832 à Amailloux, à la première insurrection d’août 1792 à Moncoutant. Entre les deux, toute l’histoire de la Grand’Guerre !
Michel Chatry, président du Souvenir Vendéen, devant la Croix de la Belle
entièrement restaurée
Le Souvenir Vendéen a entamé un programme d’entretien et de sauvegarde de son patrimoine commémoratif, un ensemble unique de plus de 175 plaques et monuments répartis à travers toute la Vendée Militaire et même au-delà. « Heureux les pays qui gardent encore, aux carrefours de leurs chemins, les croix qu’y ont plantées leurs Anciens ! » clamait le docteur Charles Coubard. Le fondateur du Souvenir Vendéen prononça ces mots en 1966 devant la Croix de la Belle, à l’orée du bois d’Amailloux.
La Croix de la Belle
Le temps fit son œuvre, ensevelissant cette grande croix sous les ronces. La privatisation du chemin communal qui la bordait la plongea davantage dans l’oubli en la rendant inaccessible aux promeneurs. Le Souvenir Vendéen, à qui ce monument avait été confié, a donc entrepris cet été de le sortir de l’ombre de la forêt pour l’implanter au bord de la route, avec le soutien matériel des propriétaires du bois. Le fût de la colonne, trop dégradé, a été retaillé dans le même calcaire que la croix d’origine, puis placé sur le piédestal de granit. La plaque elle aussi a été nettoyée, son inscription repeinte.
Rappelons que cette Croix de la Belle fut érigée en 1833 par les frères Paul et Jules Couhé de Lusignan, qui venaient d’échapper à la mort. Leur père, Tite de Lusignan, avait 14 ans lorsqu’il entra dans l’insurrection vendéenne. Devenu jeune capitaine dans l’Armée du Centre, il faisait encore le coup de feu en 1799, au combat des Aubiers. Rien d’étonnant à ce que ses fils aient repris le flambeau à l’annonce d’un nouveau soulèvement en 1832. Un premier engagement eut lieu le 23 mai entre Amailloux et Clessé, mais des renforts ennemis accoururent de Bressuire et Parthenay. Les troupes philippistes enveloppèrent les bois, capturant les blessés et ceux qui n’avaient pu fuir. Parmi eux figuraient Paul et Jules de Lusignan. Incarcérés pendant sept mois dans le donjon de Niort dans l’attente de leur exécution, les deux frères furent finalement acquittés. En signe de reconnaissance pour leurs prières ainsi exaucées, ils élevèrent cette croix aux abords du bois d’Amailloux.
Afin que cette histoire ne retombe pas dans l’oubli, le Souvenir Vendéen a adjoint au monument une plaque pédagogique fixée sur un rocher. De cette manière, le passant en saura plus sur l’origine de la Croix de la Belle et sur le rôle d’Amailloux, avant-poste de la Vendée Militaire face à Parthenay, en 1793.
Conduite par M. Michel Chatry, président du Souvenir Vendéen, la cérémonie d’hier a attiré nombre d’habitants d’Amailloux, Boismé et autres communes alentour, heureux de retrouver un monument qui leur est cher.
Évocation historique de la Croix de la Belle par Michel Chatry
Le dévoilement de la plaque du Souvenir Vendéen
L'ancienne plaque restaurée sur le piédestal de la Croix de la Belle
et la nouvelle plaque pédagogique du Souvenir Vendéen
Une assistance nombreuse venue des communes environnantes
La Croix de la Belle a désormais fière allure !
Notre-Dame-de-Pitié
Les participants ont été ensuite invités à se rendre à Pitié, l’un des lieux de pèlerinage les plus vénérés du Poitou. La basilique se détache à l’horizon, comme un grand vaisseau de pierre échoué sur la colline sainte. De l’ancien sanctuaire ne demeure qu’un modeste clocher écrasé par l’imposant édifice de granit. Au cours de la messe, le Père Henri Baudu nous a rappelé que les insurgés vendéens des environs venaient prier Notre-Dame-de-Pitié avant de prendre les armes pour défendre leur Foi. Les soldats de la République leur firent chèrement payer. À plusieurs reprises ils s’en prirent à la chapelle qu’ils profanèrent. La statue de la Vierge exposée dans le chœur en porte encore les traces.
L’histoire de Pitié nous a été présentée à la fin de l’office par M. Rémi Billaud, historien de La Chapelle-Saint-Laurent, non seulement la basilique et ses vitraux consacrés aux sanctuaires mariaux de France (en particulier Notre-Dame de la Drèche située dans le Tarn, sur la commune de Lescure, dont notre guide nous a expliqué le lien avec le général vendéen), mais aussi l’impressionnant calvaire dresséà l’autre bout de l’esplanade. Vous en lirez tous les détails dans le prochain numéro de la Revue du Souvenir Vendéen.
La plaque apposée à cet endroit en 1938 par le Souvenir Vendéen avait disparu dans les années 90, après des travaux de réfection. La nouvelle, réalisée à l’identique, a été bénie à son tour hier, après une évocation historique. Elle est accompagnée, comme la Croix de la Belle, d’un panneau offrant plus d'explications.
La basilique Notre-Dame-de-Pitié, à La Chapelle-Saint-Laurent
Notre-Dame-de-Pitié (la statue du XVe siècle vandalisée par les Bleus)
Dévoilement de la plaque du Souvenir Vendéen au calvaire de Pitié
Évocation historique par Michel Chatry, après la bénédiction de la plaque
(devant les plaques, Rémi Billaud, historien de la commune)
La plaque restaurée du Souvenir Vendéen et la plaque pédagogique
La croix et le château de la Chenulière
Après un déjeuner bien sympathique, conclu en chantant en chœur « la Vendéenne », notre groupe a repris la route pour se rendre au château de la Chenulière. Cette bâtisse fortifiée du XIIe siècle – un rêve pour tout amoureux d’architecture médiévale – nous a apparu au détour d’un virage, dans le reflet d’un étang. Le chemin qui nous y conduisit est gardé par une croix fichée dans un « chiron », comme on appelle ces gros blocs de granit qui affleurent dans notre Bocage. Elle marquerait l’emplacement d’un cimetière, où des victimes des Guerres de Vendée auraient été inhumées.
M. Rémi Billaud nous a conviés à l’intérieur du château, retraçant l’histoire de ses propriétaires, et surtout le passage d’une colonne infernale – la première – signalé par la destruction de la grande salle près du donjon.
Sur le chemin montant au château de la Chenulière
La croix de la Chenulière, souvenir des Guerres de Vendée
Le donjon de la Chenulière
Leçon d'histoire sous la conduite de Rémi Billaud
Pugny et Moncoutant, le soulèvement de la Saint-Louis
L’étape suivante nous a emmenés au château de Pugny, qui a plus souffert de la « modernité » que des tourments de la Révolution. Il en reste cependant un porche magnifique devant lequel MM. Rémi Billaud et Michel Chatry nous ont raconté le premier soulèvement vendéen, parti d’ici en août 1792. La visite s’est prolongée à l’intérieur, où M. Éric Bonneau, propriétaire du château, nous a montré l’étendue des travaux à engager pour la restauration qu’il souhaite réaliser.
La journée s’est achevée plus loin, à Moncoutant, devant la pierre marquant le départ de la révolte de la Saint-Louis, en août 1792. M. Chatry, à l’instar de Delouche, l’un des promotteurs de ce soulèvement, est monté sur le rocher pour nous haranguer. Mme Noëlle Pouplin conclut son historique en retraçant les commémorations du Bicentenaire des Guerres de Vendée qui avaient commencé ici en 1992, en parcourant tous les lieux marqués par ce prélude à l’insurrection vendéenne de mars 1793.
Devant le porche du château de Pugny avec M. Christian Roy, maire de la commune
Visite du château en compagnie de M. Éric Bonneau, propriétaire du château
Évocation du premier soulèvement d'août 1792 par Michel Chatry,
avec Gilles Pétraud, premier adjoint de Moncoutant
Récit du Bicentenaire de 1992 par Mme Noëlle Pouplin
Le Souvenir Vendéen publiera son compte rendu de cette journée dans le prochain numéro de la Revue. Vous pourrez également y lire l'article de Rémi Billaud sur Pitié, hameau de La Chapelle-Saint-Laurent, sous la Révolution.
La Revue du Souvenir Vendéen est adressée à tous les adhérents de l'association. Abonnement auprès du Secrétariat du Souvenir Vendéen, B.P. 40612, 49306 CHOLET CEDEX (tarifs sur le site du Souvenir Vendéen)
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